mercredi 31 août 2016

Habiter : la folie airbnb



ALDO GIANNOTTI, SPATIAL DISPOSITIONS / ALBERTINA / Vienne / 2016


Depuis que j'ai fait une, puis deux réservations, j'ai suis devenue accro. L'addiction a pris le contrôle. Pourquoi s'embêter avec une maison secondaire, les impôts, les taxes, les factures, les questions d'administration, les travaux d'entretien, le nettoyage, sans parler de la routine, qui peu à peu s'installe, les obligations, les contraintes.

Quand je pense que je rêvais autrefois d'une maison sur une île : nous avions caressé le projet d'un lieu sobre où nous retirer pour peindre lire méditer. 

(quand je pense à toute l'énergie que nous a coûté la jolie maison au nord du Sud que nous avons amoureusement restaurée!)

Depuis que je me shoote à airbnb, le royaume de tous les possibles s'offre à moi : appartements délicieusement décorés, maisons finement restaurées, lofts, villa, chambres, n'importe où n'importe quand. C'est enivrant! 

Fini les soucis, les tracasseries administratives, les factures, les trajets obligés, les terrains à entretenir, les canalisations à déboucher, les artisans à payer. Fini, tout ça.

Un vaste catalogue numérique devant moi, je me sens allégée, libérée de toutes ces possessions qui vous possèdent.


mardi 30 août 2016

Vivre : let it be / 2



Ils arrivent en mars et repartent à fin novembre
(à rebours des migrations des palmipèdes dans la cariçaie).
Dès leur arrivée et durant tout leur séjour, ils travaillent d'arrache-pied dans leur jardin.
Ils tondent la pelouse deux, si possible trois fois dans la semaine.
La moindre pâquerette a peu de chance de s'en sortir
devant l'acharnement systématique de leur tondeuse.

Ils partent une fois par semaine faire leurs courses au supermarché
munis de leurs dépliants publicitaires
(veillant à ce que leur garde-manger soit toujours dûment rempli).
Le vendredi, sans faute, ils s'en vont buller aux Bains avec une dignité compassée.
Et le dimanche, on les voit défiler, drôles d'oiseaux tout de noir vêtus,
leurs bâtons bien alignés, d'un pas cadencé,
vers leur parcours programmé.

Ils parlent une langue étrangère et gutturale. 
Leurs petits-enfants ne sont pas assez bien élevés.
Leur fils ne sait pas gérer son argent.
Leur belle-fille ne s'est jamais montrée.

Quant à nos bambous, avec leur dégaine ado et leur vitalité,
ils ont le don de les horripiler.

lundi 29 août 2016

Vivre : let it be



Elle dit non, le lac non, on ne sait jamais sur quoi on met les pieds, et puis, difficile de savoir exactement combien de mètres on fait, exactement, car elle, elle en fait tous les jours 800, 800 mètres exactement, et là, avec le bassin olympique, elle sait exactement quand elle a effectué ses quotas.
Puis, elle s'en va, très vite, vers les vestiaires, car elle doit disposer d'un temps minuté pour son devoir prédéterminé. 

dimanche 28 août 2016

Voir : la magie de la blancheur





Dans Notre petite soeur, un film tiré du manga Kamakura diary, où il est question de deuil, d'absence et de multiples sortes de nourritures, il y a une scène merveilleuse (en fait, un enchaînement de scènes merveilleuses) mais surtout celle-ci :
Suzu, la petite soeur, se fait inviter par un de ses camarades à" aller au tunnel". Il la prend à l'arrière de son vélo et ils se retrouvent bientôt dans une allée de cerisiers en fleurs. La jeune Suzu se voit plongée dans un univers de blancheur et de pureté. Toute la beauté et la fragilité de l'existence est là, dans cet instant évanescent, dans cette délicatesse immaculée.
Tout passe, les pères s'en vont, les mères ne sont pas à la hauteur, les hommes sont souvent lâches, la maladie et l'avidité peuvent sévir à tout moment, la seule chose sur laquelle s'appuyer reste la magie de l'instant.

samedi 27 août 2016

Voyager : les mots amis



Lundi prendre l'avion pour Barcelone. Sans trop savoir comment va se dérouler notre séjour. 
Il va faire très beau, très chaud.
Qu'en sera-t-il pour M. qui nous attendra là-bas ?
De quoi parlerons-nous ?
Que nous dira-t-elle ?
Saurons-nous trouver les mots ?
C'est presque irréel de penser qu'il y a à peine cinq ans, elle et JM étaient venus nous voir ici.
Que nous leur avions montré les incontournables (ceux que nous, habitants de la Suisse, n'allons visiter que pour donner à nos amis étrangers une image de carte postale :
le marché de Berne, juste devant le Palais fédéral et la Banque nationale, 
les oignons bio exactement au-dessus du dépôt de lingots,
Morat et sa vieille ville tellement typically swiss,
Genève et son jet d'eau,
quelques montagnes, des étals de fromage,
toute cette invraisemblable sécurité)
Incroyable de me souvenir combien JM semblait affirmatif, plein de vitalité,
riche de toutes ses expériences au Tiers-Monde et goguenard face à ce qu'il découvrait.
Inouï de repenser à leurs bisbilles continuelles, leur incapacité d'être ensemble sans se chamailler.
Leur incapacité de vivre séparés.
Puis, Mister C est arrivé dans leur vie, s'est installé progressivement dans le corps de JM,
a fini par prendre toute la place.
Toute.
Je prépare mon sac sans savoir de quoi j'aurai besoin pour affronter le chagrin de M.
qui s'ajoute décidément à beaucoup trop d'autres chagrins.

vendredi 26 août 2016

Vivre : boum boum, et re-boum!


Elle survient toujours à l'improviste, la vache, et je m'en veux de ne pas être suffisamment attentive à ses signaux précurseurs. Hier : superbe matinée, natation soutenue, des projets plein la tête. L'après-midi, je suis juste sortie travailler un moment, par un soleil intense et une lumière vive. Tout à coup, j'ai ressenti une soif soudaine, un sentiment de malaise, tandis que je transpirais fortement.
J'aurais dû comprendre. Me doucher et me reposer au frais. Ralentir. Me poser. Me recentrer. J'ai ignoré ces signes.
J'ai ignoré mon humeur irritable, ma fatigue le soir venu.
Cette nuit, j'ai été réveillée par des maux de tête, des nausées et malgré le comprimé avalé à quatre heure du matin, je me suis retrouvée glauque, l'humeur bileuse, les idées noires.
Après tout ce temps, je n'ai pas encore compris le lien entre ce cœur qui frappe à grands coups dans ma tête et mon estomac qui rejette en bloc odeurs, bruits et sensations.
Mes seuls recours: du café noir et des jus de citron, bus par litres jusqu'à ce que la crise déclare forfait..

jeudi 25 août 2016

Vivre : chagrins d'enfance


Je n'ai pas la larme facile et il est très rare que je pleure au cinéma. Le seul film qui me fasse fondre, à chaque visionnement, c'est l'Incompris de Comencini, un film datant de 1967, excellemment présenté ici.  La première fois que je l'ai vu, c'était dans une petite salle parisienne, pas loin de l'Hôtel-de-Ville.  Je me souviens qu'il m'avait bouleversée. Et puis, j'ai dû le revoir peut-être deux ou trois fois, à des années de distance, et... quel que soit l'époque de ma vie, j'ai toujours fini par pleurer durant les dernières minutes.
Avant-hier soir, il passait sur Arte. Je croyais être blasée, à force. Mais, à nouveau, quarante ans après, j'ai éclaté en sanglots. Comme à la première fois. Cette histoire d'enfance mal aimée et cassée me lacère le cœur.
Le plus étrange, c'est que Lui, qui a la larme facile, surtout quand il est question du chagrin des enfants, Lui qui s'émeut à la moindre bluette et me demande à mi-voix un mouchoir dans la pénombre du salon, et bien, là, en regardant l'Incompris il n'a pas semblé touché le moins du monde. Il est resté les yeux secs, insensible à ce drame.
En revanche, c'était ma peine, sincère, profonde, qui a semblé le chagriner fortement.

mercredi 24 août 2016

Vivre : écrire l'habitat



ALDO GIANNOTTI, SPATIAL DISPOSITIONS.


Envoyé, mon travail.
Je me demande bien comment il sera reçu.
Vivrai-je une totale Berezina ?
Lui trouvera-t-on quelque intérêt ?
Je me raccroche à l'idée que j'ai eu du plaisir à le faire.
Même si je lui trouve de multiples faiblesses 
(surtout au niveau de la mise en page).
Bon.
Il ne me reste qu'à le lâcher,
comme un ballon,
et attendre le verdict.

mardi 23 août 2016

Vivre : switch


Dans l'air, comme un tremblement
La lumière se fait plus rasante,
Les feuillages se lassent
et se dorent
Les tournesols fatigués ploient l'échine
L'eau de la piscine redevient bonne fraîche
Des frissons, au petit matin.
Le soir la main se tend instinctivement vers un lainage.
Depuis quelques jours,
l'automne s'est annoncé.

lundi 22 août 2016

Vivre : sensations estivales



Au secours! le temps passe trop vite!
le temps du bonheur me file entre les doigts!
dans la cuisine, il passe, me frôle, m'enlace,
ma copine Dama ce matin sur une terrasse
comme un petit joyau 
me raconte sa vie, ses hauts et ses quelques tracas,
la graminée près de la cuisine ne cesse de babiller
en cette journée venteuse d'été
la tarte préparée ce matin attend sagement
la salade s'est mise sur son trente et un
je m'apprête à aller prendre L. à la gare
et il nous racontera ses angoisses, 
ses projets, ses doutes, 
en dévorant comme quatre
j'aime la vie
j'aime mon fils,
je l'aime, lui, mon âme frère,
j'aime penser à l'automne qui viendra
mais
au secours!
le temps passe décidément trop vite!

dimanche 21 août 2016

Vivre : broyer du gris




L'autre soir,  j'ai fait un détour par P. pour accompagner R. à son garage, et de là, le plus pratique était de prendre la route nationale pour rejoindre le lac Léman au bord duquel nous devions dîner.

Nous avons donc parcouru la trentaine de kilomètres qui mène de P. jusqu'aux hauteurs de Lausanne dans la lumière déclinante du jour. Nous avons longé la rivière, parcouru sa vallée étriquée, blême malgré le ciel estival. Quelques entrepôts, quelques fabriques, désaffectées (ou peut-être pas), des maisons ternes disséminées de part et d'autre de la route.

Tout à coup, je me suis demandé si nous étions marqués par les paysages qui nous ont vu naître. J'ai cru saisir l'espace d'un instant ce que pouvait générer le fait d'avoir passé toute son enfance et vécu toute sa scolarité dans cet endroit. Et de continuer de rouler jour après jour, le long de cette route.

Je me suis rappelée de A., si sûre de son droit chemin. Sa fierté d'avoir gradé, comme elle disait. La narration de ses vacances all inclusive. Ses avis péremptoires sur les tablettes (chocolat et Ipad). Et sa silhouette alourdie par le massepain et ses hautes responsabilités.

Il y a des incompatibilités qui sont inévitables. Heureusement.

samedi 20 août 2016

Lire : entrer par la bande



Hier, à la Fnac, il m'a montré parmi les livres qu'il avait entre les mains, "Si c'est un homme" de Primo Levi. "Un livre pour les après-midis, pas pour les soirs" a-t-il précisé. J'ai acquiescé, moi qui n'ai jamais pu lire intégralement "La Trève". Je me suis promis de tenter la lecture, une nouvelle fois. Je ne sais pourquoi ce voyage de retour si long (quelque trente jours, je crois) pour rentrer finalement dans sa ville, auprès des siens, après la libération d'Auschwitz, m'a paru particulièrement douloureux. 
J'avais pu lire juste auparavant l'histoire de sa déportation, mais je n'ai pas réussi à terminer l'histoire de son sinueux retour. 
(Encore un livre déposé sur la pile des "pour plus tard")
(Peut-être que ce qui m'avait semblé atroce, insupportable, après tant de souffrances subies, c'était que Primo Levi ne puisse être libéré immédiatement. C'était le fait qu'il doive encore et encore subir des épreuves et des avanies, en plus de l'expérience des camps.)

Un instant après, au rayon BD, j'ai trouvé par hasard ce petit bijou, lauréat 2016 du prix Fauve à Angoulême. Alors je me suis empressée de le lui offrir, en introduction à la lecture de Levi.

Une chose en appelant une autre en matière de mémoire, je me suis tout à coup souvenue des dernières lignes de "La Tregua" (oui, quand je trouve une lecture insoutenable, il m'arrive d'aller lire les dernières lignes, juste pour me rassurer, pour me dire que le protagoniste va s'en sortir). 
È un sogno entro un altro sogno, vario nei particolari, unico nella sostanza. Sono a tavola con la famiglia, o con amici, o al lavoro, o in una campagna verde: in un ambiente insomma placido e disteso, apparentemente privo di tensione e di pena; eppure provo un’angoscia sottile e profonda, la sensazione definita di una minaccia che incombe. E infatti, al procedere del sogno, a poco a poco o brutalmente, ogni volta tutto cade e si disfa intorno a me, lo scenario, le pareti, le persone, e l’angoscia si fa più intensa e più precisa. Tutto è ora volto in caos: sono solo al centro di un nulla grigio e torbido, ed ecco, io so che cosa questo significa, ed anche so di averlo sempre saputo: sono di nuovo in Lager, e nulla era vero all’infuori del Lager. Il resto era breve vacanza, o inganno dei sensi, sogno: la famiglia, la natura in fiore, la casa. Ora questo sogno interno, il sogno di pace, è finito, e nel sogno esterno, che prosegue gelido, odo risuonare una voce, ben nota: una sola parola, non imperiosa, anzi breve e sommessa. È il comando dell’alba in Auschwitz, una parola straniera, temuta e attesa: alzarsi, “Wstawać”.
C’est un rêve à l’intérieur d’un autre rêve, et ses détails varient, son fond est toujours le même. Je suis à table avec ma famille, ou avec des amis, au travail ou dans une campagne verte ; dans un climat paisible et détendu, apparemment dépourvu de tension et de peine ; et pourtant, j’éprouve une angoisse ténue et profonde, la sensation précise d’une menace qui pèse sur moi. De fait, au fur et à mesure que se déroule le rêve, peu à peu ou brutalement, et chaque fois d’une façon différente, tout s’écroule, tout se défait autour de moi, décor et gens, et mon angoisse se fait plus intense et plus précise. Puis c’est le chaos. Je suis au centre d’un néant grisâtre et trouble, et soudain je sais ce que tout cela signifie, et je sais aussi que je l’ai toujours su : je suis à nouveau dans le Camp et rien n’était vrai que le camp. Le reste, la famille, la nature en fleurs, le foyer, n’était qu’une brève vacance, une illusion des sens, un rêve. Le rêve intérieur, le rêve de paix, est fini, et dans le rêve extérieur, qui se poursuit et me glace, j’entends résonner une voix que je connais bien. Elle ne prononce qu’un mot, un seul, sans rien d’autoritaire, un mot bref et bas ; l’ordre qui accompagnait l’aube à Auschwitz, un mot étranger, attendu et redouté : debout, “Wstawac”. 

vendredi 19 août 2016

Vivre : sous le signe du poisson



Ce sont les matins que je préfère : la pluie menace, le ciel est crémeux, dense. 
Pas un chat  à l'ouverture. 
Quelques hirondelles volent très haut.
Les gardiens désœuvrés n'ont d'autre ressource que de se mettre à nettoyer. 
Seule dans le bassin, je me délie je deviens poisson je perds la notion du temps. 
Les hirondelles volent un peu plus bas. 
Des gouttes finissent par tomber et forment des centaines de petites bougies blanches 
à la surface de l'eau. 
Je nage dans ce scintillement magique.

Je repars 
vitaminée, trempée :
Que c'est bon, le mauvais temps.


jeudi 18 août 2016

Voyager : décentralisation



Habitués au Sperl, pour notre Frühstück, nous avons découvert cette année le Café Jelinek, à quelques centaines de mètres, dans le 6ème. 
Tout à fait par hasard, en rentrant à l'hôtel, on a vu cet établissement de caractère, 
oublié de ses habitués dans la moiteur d'août. 
On a été ravis. La terrasse, le poêle à l'intérieur, les petites niches, les photos jaunies.

C'était tellement plus charmant que de faire la queue dans la rue,
matin, midi et soir,
pour avoir le droit de pénétrer au Café Central.



mercredi 17 août 2016

Voyager : jeu de piste au KHM

Il y a ce tableau de David Teniers : 





                    Le Gouverneur Léopold-Guillaume et sa collection de tableaux à Bruxelles, 1650-1652. 

On l'a bien regardé. On l'a photographié. Puis, on s'est mis à chercher. On n'est pas du tout surs de les avoir tous trouvés. 












Au bout du compte, on en avait sept. Pour sûr, il faudra y retourner!


mardi 16 août 2016

Voyager : KHM, le film figé


Au Kunsthistorisches Museum, se trouve Le portement de la croix, de Brueghel l'Ancien (ici: un détail). En 2011, il a inspiré au cinéaste Lech Majewski un film silencieux et captivant : Brueghel. Le moulin et la croix

En 1564, alors que les Flandres subissent l’occupation violente des Espagnols, le peintre achève son tableau, où, à travers la Passion du Christ, on peut découvrir la chronique tourmentée d’un pays en pleine guerre des religions.
Le film plonge littéralement le spectateur dans l'Histoire par le biais d’une douzaine de personnages qui finiront figés dans le tableau à la fin du film. Leurs histoires, racontées dans le plus grand réalisme, s’entrelacent dans de vastes paysages peuplés de villageois et de cavaliers rouges. Parmi eux, Bruegel lui-même, son ami le collectionneur Nicholas Jonghelinck et la Vierge Marie (interprétée par Charlotte Rampling).

C'est un film lent, exigeant, dont on a peu parlé. Le tableau n'a pas de grandes dimensions, mais il fourmille de détails et révèle tout le génie du peintre. Une pure merveille.

lundi 15 août 2016

Voyager : multikulti


En voyage, j'aime tenter d'expérimenter  ce que vivent les habitants (même si bien sûr, c'est quasiment impossible en l'espace de quelques jours). Alors, je vais chez un cordonnier, j'entre dans une mercerie pour acheter quelques aiguilles. Là, mon regard a été attiré dès le premier soir par la devanture d'un coiffeur : " 23 euros lavage et coupe" Qu'à cela ne tienne! J'avais justement besoin de faire égaliser mes mèches rebelles, désséchées par le chlore.
Le concept m'a plu : on entre sans rendez-vous, on est servi de suite, avec un café, et à la fin, on vous présente un chariot pourvu de peignes et de foehns en tous genre pour qu'on termine soi-même le travail.
La coiffeuse était persane. Son assistante albanaise. Le jeune homme taiseux qui se faisait faire des mèches sur ses longs cheveux noirs n'avait pas vraiment l'air autrichien. Une jeune asiatique est entrée, qui semblait être une habituée. C'est peut-être ça, la vie à Vienne, dans le 6ème arrondissement.

dimanche 14 août 2016

Voyger : Franziskanerplatz



Rien à faire, rien à dire. A chaque fois c'est pareil : quelle que soit mon humeur, quelle que soit la saison, c'est ici que je me sens bien. Sur cette place si calme. Détendue, devant un Verlängerter ou un thé maison, à la terrasse du Kleines Café (de plus en plus prisée, il faut dire). Ici, il semble difficile d'imaginer que la foule shoppe à deux pas, que les gens font la queue à l'entrée du Café Central , que les touristes se pressent pour voir la Schatzkammer. Ici, tout près et si loin de tout cela, est un coin béni des dieux où l'on prend le temps de prendre le temps. Tout simplement.

mercredi 10 août 2016

Manger : certains l'aiment glacé



Sur les terrasses d'ici, il est rare que je commande un thé froid. Il y a 100% de chances pour qu'on m'apporte une bouteille ou une canette de N...tea, boisson industrielle et trop sucrée à mon goût (quand ce n'est pas un simple verre de la dite boisson).
Mais cet été, à Bâle et à Berne, j'ai découvert le Eistee (prononcer : Iss-tée).  Les bistrots fabriquent eux-mêmes leurs thés glacés, à base d'hibiscus, de gingembre ou de fruits. Chacun a sa recette particulière. On vous en sert un grand verre, agrémenté de tranches de citron vert ou d'orange, de  menthe ou de glace. C'est frais. C'est bon. C'est naturel. Et très peu sucré.
J'ai essayé de reproduire ma recette préférée, mais ce n'est pas si simple. Il faut trouver des tisanes de qualité et les bons dosages au niveau du temps d'infusion, du sucre utilisé. J'ai trouvé celle-ci dans un vieil exemplaire d'Annabelle :

1,2 litre d'eau qui ne doit pas bouillir à plus de 84°
6 à 7 sachets d'hibiscus (on peut remplacer un sachet ou deux par de la mélisse, du cynorhodon ou du thé noir) à infuser entre 3 et 5 mn
un ou deux citrons pressés
du sirop d'agave ou du stévia pour sucrer à volonté
des tranches de citrons / orange et de la glace au moment de servir.
Se garde un ou deux jours au frigo.

En attendant de pouvoir partir en vadrouille avec mon propre thermos, je déguste ce nectar de terrasse en terrasse. Il m'arrive d'en commander trois par jour, juste pour le plaisir de sentir dans mon gosier ce bon goût de plantes et d'été.

mardi 9 août 2016

Voyager : Agrandissement



J'aime beaucoup être en voyage. Découvrir, mettre mes pas dans des lieux nouveaux, adopter un regard élargi. Me laisser surprendre.
J'aime aussi beaucoup anticiper un voyage. Me projeter dans ce qui sera, noter une ou deux adresses (pas trop, juste poser quelques balises), me relier à l'atmosphère qui m'attend là-bas.
Là, je viens de recevoir un mail qui me transporte déjà à Pula (des photos de l'appartement avec vue sur la mer).
Et ici, en visionnant les photos d'il y a deux ans, j'ai retrouvé ma fascination durant l'expo sur Blow up à l'Albertina. Je me souviens cet arrêt sur images qui m'avait plongée dans une époque, dans une histoire, un film que je n'ai jamais connus, mais qu'il m'a semblé avoir vécus de l'intérieur une fois le parcours terminé.
Vienne m'appelle. Et j'ai grande hâte de partir. J'ai besoin d'agrandir mon champ de vision.

lundi 8 août 2016

Habiter : l'instant présent



Atteindre l’ici. 
Atteindre le maintenant. 
Et connaître l’ici et le maintenant pour la première fois, 
moment après moment.

Jon Kabat-Zinn, L'éveil des sens, 2009, p.359 

dimanche 7 août 2016

Habiter : rentrer chez soi




A qui est cette maison ?
A qui est la nuit qui écarte la lumière
A l’intérieur ?
Dites, qui possède cette maison ?
Elle n’est pas à moi.
J’en ai rêvé une autre, plus douce, plus lumineuse,
Qui donnait sur des lacs traversés de bateaux peints,
Sur des champs vastes comme des bras ouverts
Pour m’accueillir.
Cette maison est étrange.
Ses ombres mentent.
Dites, expliquez-moi, pourquoi sa serrure
Correspond-elle à ma clef ?

Toni Morrison, Home (2012)


samedi 6 août 2016

Voyager : place de la Libération



Nous avons traversé de sacrés longs mois.
Un sacrément long hiver sans feu.
Pour nous.
Surtout pour toi.
Quel bonheur de se retrouver là,
juste là,
A siroter un verre. 
A regarder les enfants sauter entre les fontaines.
Toute cette innocente fraîcheur, ces rires, ces danses.
Et les choses qui reprenaient leur place.

vendredi 5 août 2016

Vivre : la bonne impression



Hier, j'avais vraiment sué sang et eau pour parvenir à mes fins (enfin, à mes presque fins car il fallait encore lire, relire, corriger, rectifier, j'en avais encore pour quelques heures). J'avais besoin de conseils et de propositions. Et pourquoi pas d'une écoute bienveillante, d'un intérêt à mon projet. Donc, j'entre confiante, je dis bonjour et je vois arriver le monsieur, manifestement dérangé.
Mais, alors que sur le bloc qui a retenu notre attention pendant un temps somme toute très très court, on pouvait lire Rentrer chez soi, ma demande a eu l'air de le mettre hors de lui. 
Seul le bouledogue, à ses pieds, s'est levé pour me dire au revoir.

jeudi 4 août 2016

Manger : les belles rencontres


Aux halles centrales, les mardis, jeudis, vendredis et samedis, il y a un stand de fromager qui s'appelle le Gas normand. On s'y est arrêtés par hasard. On a suivi les suggestions de la dame et emporté avec nous quelques fromages bourguignons qui se sont révélés divins (j'oublie toujours de noter les noms). Puis, tant qu'on y était, on a pris des yogourts au lait de brebis au goût inégalable et, juste par gourmandise, un saucisson sec, produit de manière artisanale dans le Haut-Doubs, qui était proche de la perfection.
Ensuite, on est rentrés à travers les belles rues de la ville, portant vaillamment nos paniers et nos sacs, fiers de nos victuailles, échafaudant des plans pour la suite de l'été, cet été qui est déjà bien entamé, mais dont je voudrais qu'il ne finisse jamais et que je vais m'arranger pour rallonger, encore et encore.