Untitled / 2009 / Troels Wörsel / SMK / Copenhaguen
Désolée. Pas moyen de participer : je ne connais pas 11 nouveaux blogueurs susceptibles d'être sollicités.
N’ai sans doute pas assez prospecté et certainement pas assez commenté. Viens
tout juste de réaliser que je suis certains blogs depuis des années sans y
avoir jamais laissé la moindre trace (j’aurais quand même pu écrire merci, quelque chose de gentil, quelle malpolie !). C’est que, voyez-vous, dans un blog, il faut déjà oser
entrer. Et puis, moi, ce qui m’intéresse, dans un blog, c’est… le blog. Le blog
avec ses textes et ses photos, laissant entrevoir en filigrane la personnalité
qui offre tous ces cadeaux. Je découvre, je lis, j’admire, j’empathise, et je m'en vais sur la pointe des pieds … c’est tout. Je ne suis pas particulièrement fan de « like », d’abonnements en tous genres, ou de points de fidélités.
Cependant,
Dédé dont je devine la sensibilité et la forte vitalité à travers ses billets
et ses passages ici, m’adressé comme
à 10 autres blogueurs 11 questions. J’ai tenté d'y répondre de mon mieux. Voici
:
[ Que t’apporte ton
blog et pourquoi avoir décidé d’en ouvrir un ?]
Je
tiens quotidiennement un journal depuis l’âge de 13 ans. Il m’est indispensable
et constitue toute ma mémoire. J’y note tout ce qui me marque. Mais je le
trouvais un peu chaotique, verbeux, déstructuré. J’ai souhaité en extraire
l’essentiel, poser mes expériences et réflexions de manière plus compacte. Ecrire
le quotidien, les choses de la vie, des scènes de rue, des questionnements en
un minimum de mots. Dans Magari ! je voulais aussi partager mon
amour pour l’art à travers certaines œuvres que j’ai photographiées, mais sans
discours, en laissant juste parler l’image.
[Quel est
le principe directeur de ton existence ?]
« Principe
directeur » est un bien grand mot. J’essaie d’être «juste quelqu’un de bien ». Et
ce n’est pas évident tous les jours.
[Quel
événement de
société t’a fortement marqué durant l’année 2016 ?]
Ça
n’est pas propre à l’année 2016 : les barques remplies de migrants, les
arrivées de convois aux frontières, les dangers bravés, les murs de barbelés Ce
qui me marque et me blesse tout à la fois : Au sein de l’Europe et des
pays riches, le manque de solidarité et les renvois de balles quant aux
responsabilités. Les pays les plus exposés qui doivent faire face et se
défendent comme ils peuvent. Les répressions, les refoulements. Migrants
économiques, migrants politiques, victimes de guerres, on ne voit pas toujours
comment faire la distinction. On rêverait de regards et de solutions globals. Ça
fait des années que je me dis : ça ne peut pas durer, ces inégalités
nord-sud, ces exploitations de la misère. Moins on échange convenablement et
plus les tensions vont augmenter. Il me semble que les pays riches devront tôt
ou tard rendre compte de leur richesse et que nous devons forcément adopter un
mode de vie décroissant pour que chaque habitant de la Terre ait droit à sa
part (nourriture, logement, éducation, santé).
[Quelle
est la passion qui te fait vivre?]
A
mesure que j’avance, je suis de moins en moins passionnée et de plus en plus intéressée
par tout ce qui vit. Je crois que j’ai remplacé la passion par l’observation. Tout
simplement. J’aime découvrir la vie et ses multiples facettes, encore et
toujours.
[Qu’est-ce
qui te rend heureux dans ta vie?]
L’apprentissage
sous toutes ses formes. Tout ce qui tremble et palpite. La beauté. La nature. L’amour aussi, naturellement. (Et
ces basiques : nager, pratiquer l’art des terrasses et l’inactivité
magistrale, bien manger, respirer, lire, créer, …)
[A
l’inverse, qu’est-ce qui te rend triste ?]
D’une
manière générale, la mort, quelle qu’elle soit. Tout ce qui se termine. Mais il
s’agit là d’une tristesse sinon douce, du moins apaisée. Ce qui me désole
intensément, c’est l’aptitude de l’être humain à la destruction. Le gaspillage
d’énergies dans des conflits et dans la violence. Ça, c’est le pire, parce que
la fin et la mort sont des choses naturelles, tandis que les conflits, je me
dis qu’ils génèrent des montagnes de souffrance qu’on aurait pu éviter.
[Si tu étais
un paysage, comment serais-tu ?]
Un
paysage lié à la mer, sauvage, vaste, ouvert sur le large.
[Si on te
donnait un appareil de photo pour une journée, que prendrais-tu en photo et
pourquoi ?]
Une
ville, ses habitants, ses scènes de la vie ordinaire. C’est quelque chose que
je ne sais pas faire, que je loupe systématiquement, alors je m’y essaierais
encore une fois. En fait, souvent, je pose sur les choses un regard
photographique. Je regarde le monde autour de moi et je le photographie en
imagination. Je crée des photos mentales… qui se traduisent rarement en bon
résultat numérique.
[Quel
événement dans l’histoire de l’humanité aurais-tu aimé vivre ?]
La
découverte de l’Amérique. Imaginer Christophe (ou Amerigo) se lancer avec
courage, naviguer dans l’incertitude et finalement voir poindre une terre
inconnue au loin, ça devait être quelque chose. Bon. Après, les ravages causés
par cette découverte, c’est une autre histoire…
[Quel
monument souhaiterais-tu visiter une fois dans ta vie ?]
Je
préfère les paysages aux monuments. Une longue plage au bord du Pacifique, de
vastes prairies mongoles.
[Quel
livre me recommandes-tu et pourquoi?]
Un ?
Alors, disons, le Quarto consacré à Annie Ernaux. C’est une écrivaine qui a
très bien su décrire la vie et le réel avec précision, honnêteté, sans le
moindre sentimentalisme. Ses thèmes : la femme, la mobilité sociale, la
relation complexe aux origines, la vie amoureuse, l’observation scrupuleuse du
social dans ses infimes détails. Chez elle, on sent un travail d’écriture
rigoureux, sans aucune concession. Elle ne fait rien pour séduire ou appâter le
lecteur. Elle n’est pas nombriliste non plus : elle se place comme sujet de
la plupart de ses livres mais pour montrer quelque chose d’universel et
d’humain. Du reste, le Quarto s’intitule Ecrire
la vie. Et puis, comme rab je rajouterais Mémoire de fille, son dernier livre.