Besançon / vieille ville
La réponse, si réponse il doit y avoir, c'est que cette ville m'émeut, élégante, mais pas snob pour un sou, lustrée en revanche comme un sou neuf, envahie d'étudiants, graffitée, spontanée. Chaque façade ici est un poème pour les yeux. Ici, le gris est tellement gris qu'il devient bleu. Ici, point de "lounge" ni d'endroit huppé. Ici, les gens sont authentiques, directs, un rien rugueux. Ici, c'est plein de boutiques familiales, aux propositions vaguement démodées et aux prix un tantinet exagérés. Ici, c'est plein de librairies plus ou moins tranquilles. Ici jaillissent toujours des détails qui vous ont échappé la fois d'avant.
Ici, les gens aiment leur musée. J'adore les observer, penchés avec respect sur les toiles, je pourrais presque palper leur émotion contenue. Ils n'ont pas besoin de jouer les cultivés. Ils viennent, ils regardent avec le cœur et ils repartent avec dans les yeux une modeste fierté. Ici, on trouve aussi nombre de salons de thé où, dès onze heures trente, des filles viennent raconter leurs gros chagrins à leur meilleure amie (ou à un groupe d'amies), en sirotant un jus de fruit bon teint ou bonne mine. Leur peine doit être aussi dense que le cake fait maison, car elles restent longtemps installées à leur table en zinc, avec une main compatissante sur le poignet, à ressasser le pourquoi et le comment et à retourner mille questions dans tous les sens. Ici, le fromage, quand vous en demandez, c'est un kilo qu'on propose de vous couper.
Comment expliquer que, de plus en plus, lors de mes déplacements, j'éprouve le désagréable sentiment de me retrouver toujours au même endroit ? Mêmes décorations, mêmes enseignes, mêmes musiques d'ambiance, mêmes propositions lisses et standardisées. Une impression de patauger dans une mare de banalité.
Ici, les rues, les choses, les gens sont d'ici et pas d'ailleurs. Ici, on se sent vraiment ici et rien que pour ça, il me faut régulièrement emprunter les chemins verts qui mènent jusqu'ici.