dimanche 30 novembre 2025

Vivre : être un corps

 
Questine / Claude Garache / Granet XXe / Aix-en-Pce
 
En se souvenant du moment où l'on a pris congé, on se revoit en train de partir dans une sorte d'urgence, une impérative nécessité. Notre être était agité, nos sens nous enjoignaient de vite nous en aller. Ce n'est qu'après, avec recul, en remettant les pièces du puzzle en place, qu'on a réalisé les pouvoirs insoupçonnables du corps : avant, bien avant qu'on n'ait pu poser des mots et des pensées sur ce qui s'était passé, le corps avait compris qu'il était grand temps de se désengager. 
 

samedi 29 novembre 2025

Vivre : comparaisons et déraisons

 
Photo tirée du net
 
C'est devant l'alignement impressionnant d'emballages le long des rayons 
que j'ai compris pourquoi on nous proposait de gagner toujours plus de temps : 
pour pouvoir se choisir une confiture ou des cornichons.
 

vendredi 28 novembre 2025

Vivre : mélancolies

 
Portrait de Berthe Morisot à la voilette / 1882 / Edouard Manet / Petit-Palais / Genève
 
Elle garde la maison. Elle tient à la garder quoi qu'il lui en coûte. Elle veut aussi montrer que sa belle SUV, devant la porte, elle a les moyens de se la payer. Alors, elle loue à ses voisins trois places, histoire d'avoir quelques rentrées (puis elle se fâche s'ils viennent se plaindre de les trouver occupées). Elle a ajusté ses tarifs, elle dit que tout a augmenté. Au magasin du village, elle réclame la réduction de 90 centimes comme indiqué sur la publicité. 
Elle se débrouille pour avoir l'air de ne manquer de rien : tatouages, mèches, robot dans le jardin. Elle veut tout garder, même si lui, elle l'a perdu, surtout : parce que lui, elle l'a perdu. Elle tient dur comme fer à conserver tout ce qu'ils ont connu. Elle regarde autour d'elle et dit que c'est le chaos dans la société. Mais, le chaos qui s'empare parfois de sa tête, elle met toutes ses énergies à le cacher. 
Debout, dehors, elle grelotte. Elle dit qu'il fait trop froid. Son manque au-dedans est si grand qu'elle n'arrive jamais à le réchauffer entièrement.
 
 

jeudi 27 novembre 2025

Vivre : et dansent les couleurs de l'eau

 


des heures et des heures de pure contemplation :
suivre les striures du lac jouant au gré du vent, 
réverbérant les nuages et toutes leurs progressions,
frémir, de l'hiver souverain observer les expirations  
 
 

 

mercredi 26 novembre 2025

Vivre : Still life / 183

 


Durant les humides journées de cette saison, sur la tablette le sel a fait sa réapparition. Eau salée, plutôt chaude, gargarismes et aspirations, selon une méthode éprouvée depuis des générations. Des produits de la pharma ? Des sprays décongestionnants ? Autant que possible : non. Rien qu'une pincée au fond de la tasse, pas d'agression. Juste donner au corps le moyen de se défendre contre les infections. De l'or, du soleil et du vent, un remède aux senteurs d'océan. Ah! si tout pouvait se soigner si naturellement!
 

mardi 25 novembre 2025

Vivre : Panurge, ô Panurge

 

 
Trop dépendre des autres ? Et pourquoi donc?
Prendre critiques, rejets et compliments
pour ce qu'ils sont : d'autrui la simple opinion
(éventuellement parfois, une avisée suggestion) 
 

lundi 24 novembre 2025

Vivre : la course aux changements

 
 
Les petits magasins doivent survivre. Sauvons-les.
 
Nous avons parcouru dans le relatif silence d'une après-midi de novembre la petite ville où nous aimions pendant des années aller prendre un chocolat chaud ou acheter nos légumes sur le marché. Elle a beaucoup changé depuis lors. Elle change de plus en plus, de plus en plus vite. Des librairies et des magasins de bouche ferment, remplacés par des boutiques qui vendent du rien savamment emballé ou des spécialités "locales" à prix exagérés. Les boucheries se transforment en lieux high tech, proposant de la même manière téléphonie et steaks. Les façades et les appartements sont rénovés pour des locations saisonnières. De plus en plus de bars ouvrent leurs portes, pour disparaître au bout de quelques mois ou quelques années. Certains lieux pourtant, comme la librairie Milton, tentent de résister.
 
 
sortie libre entrée libératrice //
 
Nous informons notre clientèle que la météo, l'amour, la faim et la bicyclette 
peuvent modifier les horaires d'ouverture et de fermeture de cette librairie //
 
lire est une fête qui ne se termine jamais 
 
C. vit à Berlin. Elle parle de tous les cafés et de tous les magasins traditionnels de son quartier qui tendent à disparaître. C'est une grande métropole européenne, mais dans le fond on réalise que ce phénomène touche toutes les villes occidentales. Les boutiques connaissent un turn over impressionnant, disparaissent au profit de non magasins, vendant des non choses, de l'inutile, du vent. Des objets voués à être très vite mal aimés, déconsidérés. Comme on n'a pas considéré les gens qui les ont fabriqués, pas plus qu'on n'a d'égards pour ceux qui les vendent et la clientèle qu'on cherche par tous les moyens à appâter (tous ces rabais sous condition de deux ou trois articles achetés).
  
 

Les vitrines de nos villes parlent de nous. Elles sont le miroir de nos valeurs et de nos pensées. Elles évoquent notre avenir en même temps qu'elles voudraient effacer notre passé. Heureusement qu'il y a encore des marchés hebdomadaires où les locaux peuvent se retrouver, où des liens se tissent autour d'essentiels échanges et de providentiels conseils. Et, heureusement, qu'on trouve, ça et là, quelques irréductibles librairies pour résister.
 
 

dimanche 23 novembre 2025

Regarder : retour en enfances

 
En silence / vétrorésine, ciment et terre



Endless Love / 2018 / 18 panneaux de jute


Au nom du père / 5 sculptures en vétrorésine, ciment et terre
 


A Alba, dans la très belle église de San Domenico, Valerio Berruti, un enfant du pays, présentait trois installations, faisant suite à l'exposition du printemps à la Fondazione Ferrero et à celle qui se tient encore pour quelques jours au Palazzo Reale de Milan
Il s'agit des oeuvres : En silence // Endless love // Au nom du père. L'artiste revient souvent sur des thèmes qui lui sont chers : l'enfance, et ce qu'elle peut nous révéler sur notre humanité au sens large, l'avenir de notre planète, la place laissée à tous les êtres qui l'occupent, le sort réservé aux migrants.


Le soir, tandis que nous dînions dans un restaurant plutôt intéressant, j'ai observé les dessins, à peine esquissés le long d'une paroi, qui traçaient les portraits de quelques habitants du village. L'air de  rien, au moyen d'un trait un peu naïf, la fresque rendait hommage à tous ces gens travailleurs, ancrés dans leur terre. J'imagine que les personnages représentés pouvaient très bien se reconnaître et qu'il leur arrivait parfois de venir s'attabler là, en famille lors de quelque événement à fêter. 
 
 


 
 
Et puis je me suis souvenue que, parcourant les ruelles de ce tranquille village des Langhe, aux premières heures de l'aube, je passais régulièrement devant une église qui paraissait abandonnée, avec quelques sculptures d'enfants devant son portail. Des enfants un peu désolés, un peu décrépis, dont la vision rendait triste sans vraiment savoir pourquoi, peut-être parce qu'ils paraissaient abandonnés sur leur bloc de ciment. J'ai appris l'autre jour que cette église déconsacrée tient lieu d'atelier à Valerio Berruti. C'est là qu'il travaille quand il n'installe pas ses œuvres in situ. J'ai ensuite visualisé la salle du petit-déjeuner de notre hôtel, où se trouvait une de ses tapisseries, placée juste au-dessus de la grande table de service. En dégustant le café au goût puissant, servi dans de belles cafetières argentées, j'interrogeais du regard l'enfant représenté, un enfant sage - ou peiné - qui attendait patiemment sous les beaux stucs de la salle en prenant la poussière.
 
Photo tirée d'un reportage sur l'artiste par Espoarte
 
L'artiste semble connaître un grand succès dans sa région natale, ainsi qu'ailleurs en Italie. On fait appel à lui pour diverses manifestations, ou illustrations. Il reçoit des commandes provenant des pouvoirs publics ou de privés. Ses œuvres, qui semblent au prime abord très consensuelles - certains diraient : faciles - véhiculent un charme au langage universel, lequel - à moins de lasser - peut finir par opérer. On se demande si leur auteur va rester cantonné dans un  registre local ou si son art prendra un jour son envol, comme tous les enfants aux bras grand ouverts qu'il ne cesse de représenter. 
 

samedi 22 novembre 2025

Vivre : se lancer

 
Salomé avec tête St Jean-Baptiste (détail) /Alonso Barruguete / Gallerie Uffizi / Firenze
 
Tu hésites ? Tu doutes ? Tu tergiverses ?
Quoi faire, mais quoi faire si rien n'est sûr ?
Fais comme si. Simplement comme si.
  

vendredi 21 novembre 2025

Vivre : faire vs être

 


On rencontre parfois des gens : des anges, de véritables anges
(tout le contraire de ceux qui s'efforcent de faire de l'angélisme)
 

jeudi 20 novembre 2025

Vivre : question proportions

 

Il y a eu la période 90/10, durant laquelle la forêt résistait, se montrait jolie, frémissante, empourprée. Puis, la période 50/50, avec des virevoltes lentes et cadencées, des camaïeux mordorés, des visions enchantées, des paysages ajourés. Maintenant, on est arrivés à la période 10/90, dix vaillantes irréductibles contre nonante démissionnaires, celle où nos pas dans les feuillages braillards se font tapageurs. Si les arbres dénudés semblent décharnés, on récupère de vastes étendues de lac et des tapis épais. La nature fait sa mue à l'envers, déploie de grands papillons de lumière, invite à célébrer les rigueurs et les charmes de l'hiver. 
 

mercredi 19 novembre 2025

Vivre : quoi offrir ?

 

 
tandis que, dans les journaux, on déroule des listes et des listes d'idées cadeaux,
tous les soirs, le ciel y ajoute son grain de sel avec des suggestions nouvelles 
 
 
 
 

mardi 18 novembre 2025

Vivre : orientée clarté

 
Persée / Louis Martin / 1881 / musée Granet / Aix-en.Pce
 
Refuser les zones d'ombre et refuser l'obscurité. Refuser les embrouilles, les embrouilleurs, les embrouillaminis. Refuser les mensonges, les manipulations, les salmigondis. Rejeter toute forme de traitrise ou de vilénie. Tourner résolument le dos à tout ce qui complique, opter pour l'autonomie. Rester droite. Marcher droite. Sentir sa colonne onduler. Sentir le sol ferme sous les pieds. Mettre ses pas dans les pas de la veille et continuer. Avancer.
 

lundi 17 novembre 2025

Lire : compter les jours

 
Portrait de Paolo Francesco Spinola (détail) / Angelika Kaufmann / Musei nazionali di Genova

Un grand bol de thé. Quelques vieux bouquins. La terrasse s'est à nouveau tapissée. Beaucoup de jaune, un peu de brun.
Je lis je lève la tête. Dernier rendez-vous demain. Et puis le temps sera venu de partir frissonner sous d'autres latitudes. Enfin. 
 

dimanche 16 novembre 2025

Vivre : interiors

 
Intérieur avec femmes devant une armoire à linge / Pieter de Hooch /Rijksmuseum / Amsterdam
 
 
Ce besoin répété, essentiel de ranger, ordonner, trier dans la maison :
pareil à l'appel insistant de donner du sens à chacune de mes émotions. 
 

samedi 15 novembre 2025

Vivre : dessine-moi une saison

 
Peintre et sa famille / Antoine Raspal / Musée Réattu / Arles
 
 Si l'automne me demandait son portrait, certains jours c'est ainsi que je le ferais :
 
Sainte Madeleine (détail) / Famille Memmi / Petit-Palais / Avignon
 
 
alors que, certains soirs, dans ma palette, très peu de bleu pour beaucoup de noir :
 
Driving East / Helen Frankenhalter / Audrey and David Mirvish / Toronto
 
toutefois, hier, face aux rives, bouche bée, c'est ainsi que je l'ai portraituré :
 
Lac de Neuchâtel
 

vendredi 14 novembre 2025

Vivre / cuisiner : délices intérieurs

 
Intérieur / Vilhelm Hammershøi / SMK / Copenhague
 
A quoi tient le bonheur... à trois fois  rien, c'est sûr. Sentir rouler sous ma paume cette boule de pâte souple, qui fera des chapatis gonflés et croquants. Humer le parfum d'épices que déroule à travers toute la maison le rotkohl fumant. La joie complice de découvrir que la cheffe Ada Parellada n'estime pas nécessaire d'ôter la fibre blanche des poivrons en préparant sa samfaina (de  même que pour Gioele Merli il n'est pas besoin d'équeuter les haricots verts des deux côtés : pourquoi leur enlever cette petite virgule qui n'est qu'une délicieuse particularité?). On n'est jamais obligés de manger tous pareils, ni au même moment, ni d'appliquer des règles dont personne ne connaît plus l'origine ni le véritable sens. Et surtout : on n'est pas tenu de jeter tant de choses qui peuvent être consommées. On peut toujours. On ne doit jamais. On trace sa voie en faisant fi des diktats, en se posant cent questions et en suivant ses intuitions.
 

jeudi 13 novembre 2025

Lire : Lettres de saison

 

Il y a les matins Rilke. Ils surgissent comme une évidence dans les brumes de novembre. Ils parlent de froidure et d'intériorité, de Noëls à venir et de cadeaux à se faire. Ils évoquent des plaids en laine vaguement rugueuse, des frissons doux et de soirées particulièrement silencieuses. Rilke n'a pas écrit ses Lettres durant une saison donnée et il est certainement possible de les lire par temps estival ou même caniculaire, mais c'est une chose que je n'ai encore jamais expérimentée.

Nous sommes situés dans la vie, qui est l'élément auquel nous correspondons le mieux, et nous sommes, en outre, devenus semblables à cette vie grâce à une adaptation plurimillénaire, au point que, quand nous restons immobiles, nous sommes à peine discernable de tout ce qui nous environne en raison d'un curieux mimétisme.

Nous n'avons aucune raison d'éprouver de la méfiance à l'égard de notre monde, car il n'est pas tourné contre nous. s'il recèle des peurs, ce sont nos peurs; des abîmes, ils sont nôtres; présente-t-il des dangers, nous devons tenter de les aimer.

Comment pourrions-nous oublier ces vieux mythes qu'on trouve à l'origine de tous les peuples, des mythes où les dragons se transforment en princesses à l'instant crucial; peut-être tous les dragons de notre vie ne sont-ils que des princesses qui n'attendent que le moment de nous voir un jour beaux et courageux. Peut-être tout ce qui est effrayant est-il, au fond, ce qui est désemparé et qui requiert notre aide.
 

Les mots de Rilke semblent remonter de la terre comme les vapeurs du brouillard qui court.  Je les absorbe comme un miraculeux breuvage.  Je les inhale : de petites particules inspirantes qui vont pénétrer jusqu'à la dernière de mes cellules, vont être intégrées par tout mon organisme pour faire de la journée qui commence une journée particulière. Une invitation pressante à vivre, à observer, à connaître.
 
 
 Extraits de la lettre du 12 août 1904
Lettres à un jeune poète / Poésie Gallimard / 1993 / trad. Marc B. de Launay

mercredi 12 novembre 2025

Vivre : réflexions

 
 
Femme nue assise, jambes croisées / Pablo Picasso / Narodni Galerie Praha / Praguee
 
 
oser le repos : 
oser le face-à-face 
se retrouver seule 
devant une glace 
 

 

mardi 11 novembre 2025

Vivre : poudre d'automne

 
 Encadrement porte / MNM / Urbino
 
 
Fin d'après-midi en direction de l'est. 
Tout au bout du chemin, une pluie d'or. 
Les dernières feuilles se déversent. 

lundi 10 novembre 2025

Vivre : les exigences de novembre

 
Atalante et Hypomène / Guido Reni / Museo Capodimonte / Napoli
 
Y'a pas à tortiller : novembre est un mois exigent. Il fait soupirer bon nombre de gens. Il demande impérativement d'être présents. Pas question de rêvasser, ou de se laisser aller. Pas question de s'esquiver, ou de feinter. C'est pour cela qu'en novembre les visages se font pâles, graves ou courroucés. Novembre est peut-être de tous les mois celui qui nous ramène le plus impérativement à notre condition humaine. Certains, particulièrement frustrés, cherchent à tout prix à créer à l'extérieur de leur personne le magma qui les empoisonne. Ils réclament la confirmation que le monde est harassant et il y a fort à faire pour ne pas les aider à s'enfoncer, refuser les jeux dans lesquels ils voudraient nous entraîner. A l'expression "vous n'aurez pas ma haine" s'ajoute ce mois-ci "non, vous n'aurez pas ce conflit". Il s'agit donc de se détourner, pas forcément sourire, mais céder sur des broutilles pour accorder la priorité à ce qui compte vraiment : notre propre créativité. Plus encore : il s'agit d'être sensible à toute source de lumière, à tout éclat, à toute flamme, toute chose qui intrigue et éclaire. Voilà. Nous y sommes : novembre est le mois qui réclame le plus de beauté et cette beauté - morale, artistique ou végétale - il nous faut absolument, résolument, tous les jours la chercher.
 
 

dimanche 9 novembre 2025

Vivre : tel qu'en lui-même

 

 
Le Léman : un paysage qui ne change pas au fil des saisons.
(seul un élément végétal pourrait fournir quelques indications)
Un territoire céleste et intemporel, ignorant le futur et le passé,
appelant une présence qui panse, mais surtout : qui dé-pense.

samedi 8 novembre 2025

Vivre : conjonctions et faux-bonds

 

Ce matin-là le soleil avait rendez-vous avec la lune.
Il y avait un je ne sais quoi de romantique dans l'instant. 

 
Mais à mesure qu'on s'approchait du croisement...
 au pied de l'arbre, témoin mutique et indifférent,
 

  on découvrait qu'un être solitaire, nimbé
de brouillard, scrutait l'horizon vainement...
 

vendredi 7 novembre 2025

Vivre : la semaine des quatre vendredis

 
Femme à l'écritoire / 1921 / Félix Valotton / MCBA / Lausanne
 
 Gli manca qualche venerdì, non ha tutti i venerdì
 (il lui manque quelques vendredis)
Expression populaire italienne pour parler d'une personne un peu dérangée
 
Certainement pas le lundi (et pas non plus le dimanche).
En aucune façon le laborieux mardi, ni le braillard mercredi.
Jeudi ? Pas vraiment. Samedi ? Souvent, mais à contre-courant.
Non. Mon jour préféré, c'est le vendredi et surtout un vendredi
comme celui-ci : aucun programme, quelques broutilles, ne suivre
que mes envies, me laisser glisser dans les heures à venir, être sûre
du meilleur, ignorer l'ennui, délaisser les soucis, m'adonner à écrire
- peut-être - comme cette femme placide dans son châle cramoisi.
Préférer le vendredi parce qu'il ressemble à un intense soupir. 
 

jeudi 6 novembre 2025

Vivre : et admirer

 


C'est hier, en roulant pour aller acheter du pain, que j'ai compris la dangerosité des arcs-en-ciel.
 
 

mercredi 5 novembre 2025

Vivre : fais-toi rare, crée ta valeur

 

 on scrute on guette 
depuis le balcon
mais pas un jour,
pas un seul jour
sans son rayon 
 

mardi 4 novembre 2025

Habiter : rêver sa vie ou vivre son rêve

 
  
Oh là là! Elle dit qu'elle n'ose pas avouer à son compagnon que leur maison de rêve, celle où ils viennent d'emménager, celle qui leur a coûté pas mal d'efforts pendant près de deux ans, quelques conflits (et aussi un bras puisqu'elle a déséquilibré leur budget), elle n'ose pas lui dire que cette maison, elle ne l'aime pas, elle n'en veut pas. Les cartons ne sont pas encore tous déballés, il reste quelques travaux à terminer, mais elle, elle est obsédée par une idée fixe : elle veut tout simplement vendre et s'en aller.
Tout le monde y va de son conseil. Certains la questionnent. Son mari tente de la rassurer. On peut la comprendre : un projet de maison, c'est une sacré aventure, qui tient de l'investissement financier, affectif, psychique, et bien sûr physique. C'est un parcours du combattant dans lequel on peut perdre des plumes et on ne s'en sort qu'en sachant se ménager. On connaît des couples qui n'y ont pas survécu et des gens qui en ont burnouté. 
Face à ce qu'elle raconte, on a juste envie de lui demander : "C'est quoi, pour toi, une maison de rêve?" Est-ce toi qui rêvais ou ce rêve, l'as-tu emprunté ?" 
C'est que cette notion "de rêve" on ne l'a jamais vraiment comprise. Un mariage "de rêve". Des vacances "de rêve". Une vie "de rêve". Qui est-ce qui rêve ? Qui est-ce qui va devoir un jour se réveiller ? Comment faire pour que le rêve ne vire pas au cauchemar ?
On lui souhaite de prendre du recul. Tout le temps nécessaire. Car dans le fonds, le lien à une maison, c'est tellement intime, et c'est toujours à elle-même qu'elle va se confronter, dans la démarche de l'adopter ou de s'en défaire.