samedi 27 avril 2024

Vivre : renoncer aux montagnes

 
La Madonna del Parto (détail visage de la Vierge) / Piero della Francesca / Monterchi
 
 
Submergée ? Oppose le rien au trop. Préfère le peu à l'infini. 
Lâche ton pinceau et suis des yeux le passage d'une fourmi.

 

vendredi 26 avril 2024

Vivre : association libre

 

c'est en sortant du château de Poppi, face au paysage ouvert et au ciel disert
- une merveille de limpidité, un instant percuté de lumière - 
que le petit tableau de Nicolas de Staël m'est revenu en mémoire. 

Ciel / peint sur le motif / 1952 / Nicolas de Stael / coll. particulière

jeudi 25 avril 2024

mercredi 24 avril 2024

Vivre : la patrone

 

 
Elle était petite, menue, elle agitait ses bras sans cesse pour mener son monde à la baguette, paraissait ne jamais pouvoir rester en place. A l'âge où d'autres revendiquent un repos mérité, elle tenait à être partout, à s'occuper de tout, dans les moindres détails. Il y avait l'immense domaine et sa cave qu'elle tenait à faire visiter en personne. Il y avait le restaurant qui accueillait à tour de bras des fêtes et des célébrations. Les pères et les mères reçus pour organiser baptêmes, mariages et communions. Et il y avait aussi quelques chambres, dont une qui nous a accueillis le temps d'une nuit. 
On entendait sa voix. On entendait ses pas. On entendait le personnel, le couple de Philippins disciplinés, le jeune malhabile qui débutait, l'étudiant qui faisait des extras, on les entendait tous répondre oui, oui, Letizia. Elle vociférait. Elle ordonnait. Grâce à elle, les décibels atteignaient des sommets. Elle tenait à tout contrôler. Les hôtes, les invités, les gens venus pour acheter ou pour réserver. Rien ne devait lui échapper. Même la commande d'un dessert devait lui être rapportée. A tout vouloir commander, tout finissait par se disperser. On a dû remplir deux, puis trois fois la fiche d'inscription pour la nuitée. Elle remplissait, puis elle oubliait, elle oubliait qu'elle avait déjà rempli et oublié, et les papiers voltigeaient, les notes s'envolaient. Elle se voulait indispensable et générait une pagaille sans pareil. 
Elle a demandé si on allait prendre le petit déjeuner le lendemain. J'ai pensé à la ville qui se réveillerait en douceur comme tous les dimanches, au son atténué de ses cloches, aux rayons dansant sur ses façades cuivrées. Je me suis souvenue d'une certaine pâtisserie, avec son incomparable odeur de café, ses habitués, avec leurs chiens choyés qui patientaient devant des déclinaisons de croissants dorés. J'ai pensé à ce mot : folie. Un mot qui ne veut rien dire sauf quand il évoque la fuite devant toutes sortes de barbaries. J'ai répondu sobrement : non, merci.




mardi 23 avril 2024

Vivre : la bonne cohabitation

 
Madonna della Misericordia / Piero della Francesca / Museo civico / Sansepolcro
 
 
 Tu peux être bonne. Tu peux être indulgente.
Tu peux être protectrice et patiente.
Mais n'oublie jamais d'être exigeante.  
 

lundi 22 avril 2024

Voyager : des oui et des non

 

 
Que dit-on quand on souhaite bon voyage à quelqu'un ? Se réfère-t-on au trajet qui va d'un point à un autre, souhaite-t-on qu'il se passe au mieux, sans encombres ni retards, sans rencontres inopportunes ni incidents déplaisants, parle-t-on d'un passage qui se termine exactement au moment de l'arrivée à bon port ?  
A chaque départ, je me souhaite un bon voyage (lequel inclut selon moi le moment du départ et le moment du retour et tout ce qui se passe d'un bout à l'autre de l'expérience) et il me semble que si cette aventure ne contient aucun apprentissage, aucun dérangement, s'il s'agit d'un simple dépaysement,  alors il n'y a pas eu de voyage. Il y a peut-être eu du repos, du divertissement, ailleurs, quelque part, loin, ou près, peu importe, mais point de réel voyage.
A chaque retour d'un bon voyage, je regarde les lieux qui me sont habituels avec des yeux neufs. Je fais un état de ces lieux. A chacun de ces retours, il m'arrive de dire fermement non à un certain nombre d'éléments, car mon regard se pose sur le superflu ou sur les inepties du quotidien. Il me faut alors absolument déblayer toute une série de choses pour permettre à d'autres de prendre place.
Je ramène dans mon sac de voyage bon nombre de refus et quelques ouvertures. Mon absence - ma présence à d'autres réalités - doit servir à opérer un reset, une réinitialisation de fonctionnements par trop évidents. Un voyage est par essence même une désorganisation. C'est pourquoi les voyages dits organisés me paraissent être de pures contradictions.

 

samedi 13 avril 2024

Voyager : partons vite et rentrons tard

 


quand les matins semblent se dupliquer, quand la vision se brouille et qu'on ne saisit plus les nuances, le moment est venu de prendre de la distance, se faire la malle et se diriger vers l'ailleurs, aller inspirer un air d'une autre intensité, partir s'exposer à d'autres soleils, tendre l'oreille à de nouvelles fréquences, en résumé : tourner à gauche en débouchant sur la nationale et prendre quelques jours de vacances.