mardi 29 août 2023
Voyager : vers le Sud et les découvertes
lundi 28 août 2023
Vivre : still life / 136
dimanche 27 août 2023
Vivre : comme des évidences
samedi 26 août 2023
vendredi 25 août 2023
Vivre : le laboratoire des expériences concluantes
jeudi 24 août 2023
Lire : vacare Deo
Le courrier est arrivé. Il y a une invitation à une fête à Milan. Je reste indifférente. Suis-je une misanthrope ? Suis-je devenue antipathique comme Rousseau ? J'ai envie de vivre ainsi. Je vis de renoncements. Je vis sans. Sans mondanités. Sans voyages. Sans fêtes. J'ai l'intention de découvrir s'il est possible de vivre en renonçant à tout cela. S'il y a de la félicité à jouir de tout ce que nous avons de toute manière reçu : le soleil, les nuages, les métamorphoses des saisons. Découvrir si ce qui a été assigné à l'être humain était suffisant. Je commence à comprendre que oui, cela était suffisant, et cette découverte me déconcerte : parce que mon appétit pour des choses autres que celles que j'ai s'est évanoui [...] [p.81-82]Traduction libre
Un coin de terre limité, un lopin sur une planète en lambeaux, et pourtant : la béatitude. Sur ce coin de terre, vivre libérée des désirs qui entraînent les être humains très loin, dans des lieux qu'ils n'aiment pas, vers des activités qui attristent et envahissent leur mental en privant la joie de sa place légitime. Vacare Deo, disaient les pères du désert. Avant de venir vivre dans ce domaine, j'étais un buisson mal taillé, ayant poussé dans un enchevêtrement étouffant de branchages, avec gaspillage de sève, dispersion d'énergie. La forme naturelle avait été perdue dès la première taille, en même temps que le pouvoir de faire bourgeonner les yeux des désirs. Maintenant je suis lentement élaguée. Chaque branche taillée est de la sève qui court plus vigoureusement parmi les autres. Jusqu'à ce que les désirs recommencent à fleurir et la vie à circuler. Assainie de tout ce qu'on nous apprend à considérer comme indispensable : voyages, vacances, bijoux, spectacles, ostentation, vitesse. [p. 88-89] Traduction libreCurieuse impression que de lire une écrivaine apparaissant comme tellement vitale, dont on ne peut qu'approuver la démarche et s'en trouver infiniment proche, mais dont on sait aussi à présent qu'elle a été condamnée à mourir à petit feu, impitoyablement. Il y a quelque chose d'attendrissant et de terriblement attristant dans cette lecture. Pia fait penser à une branche que la vie aurait demandé d'élaguer, mais qui, bien qu'écartée, disparue, participe à la vigueur des autres et continue de tournoyer dans leur mémoire.
mercredi 23 août 2023
Vivre : compter les jours
mardi 22 août 2023
Vivre : au train où vont les choses
Alors que, ayant réussi de justesse à trouver une place, et couru jusqu'au quai pour parvenir à monter à la der des der, ayant déniché un siège à la fenêtre et m'étant affalée, soulagée, poussant un long soupir tandis que le train quittait la gare, je voyais soudainement les portes du wagon s'ouvrir et le contrôleur s'avancer, je réalisai avec consternation que non seulement je n'avais pas pensé, pas imaginé, pas même prévu d'acquérir un billet, mais l'instant suivant, ayant expliqué la chose au représentant concerné, en toute franchise, en toute confiance, en toute naïveté et celui-ci m'ayant poliment écoutée, je réalisai également que j'étais quelqu'un à qui on donnerait sans doute le bon dieu sans confession et certainement un laisser-passer (sans surtaxe) moyennant une simple explication.
lundi 21 août 2023
Vivre : sous le soleil de Lucius Annaeus
Tu veux savoir pourquoi rien ne te soulage dans ta triste fuite ? Tu fuis avec toi. Dépose le fardeau de ton âme : jusque-là point de lieu qui te plaise.[...]
Tu cours çà et là pour rejeter le faix qui te pèse ; et l’agitation même le rend plus insupportable. Ainsi sur un navire une charge immobile est moins lourde : celle qui roule par mouvements inégaux fait plus tôt chavirer le côté où elle porte. Tous tes efforts tournent contre toi, et chaque déplacement te nuit : tu secoues un malade. Mais, le mal extirpé, toute migration ne te sera plus qu’agréable. Qu’on t’exile alors aux extrémités de la terre ; n’importe en quel coin de pays barbare on t’aura cantonné, tout séjour te sera hospitalier.[...]
Il faut vivre dans cette conviction : "Je ne suis pas né pour un seul coin du globe ; ma patrie c’est le monde entier. " Cela nettement conçu, tu ne serais plus surpris de ne point trouver d’allégement dans la diversité des pays où te pousse incessamment l’ennui de ce que tu vis d’abord ; le premier endroit t’aurait su plaire, si tu voyais en tous une patrie. Mais tu ne voyages pas, tu te fais errant et passif, et d’un lieu tu passes à un autre quand l’objet tant cherché par toi, le bonheur, est placé partout.
Lettres à Lucilius, Sénèque, XXVIII, Inutilité des voyages pour guérir l'esprit (trad. Baillard)
dimanche 20 août 2023
Vivre : paroles, paroles, paroles
samedi 19 août 2023
Vivre : frustrations et maturations
vendredi 18 août 2023
Vivre : battre son plein
jeudi 17 août 2023
Vivre : déjeuner en paix
mercredi 16 août 2023
Vivre : danser sa vie
mardi 15 août 2023
Vivre : laisser venir
lundi 14 août 2023
Vivre : les vacances de la vendeuse
dimanche 13 août 2023
Vivre : dévérouiller
samedi 12 août 2023
Voyager : passages piémontais
vendredi 11 août 2023
Vivre : et la douceur de la présence à soi
jeudi 10 août 2023
Vivre : la vie t'accueille
mercredi 9 août 2023
mardi 8 août 2023
Vivre : se perfectionner dans l'art d'échouer
lundi 7 août 2023
dimanche 6 août 2023
Vivre : le blues du mois d'août
samedi 5 août 2023
Vivre : still life / 135
Pas question de tuer. La réelle difficulté dans cette maison si proche de la forêt est de capturer, d'observer - rapides, fascinés - et de libérer. Cette après-midi-là, trois grillons curieux ont dû tour à tour se demander ce qui leur arrivait. Notre still life sur un coin de table - le verre patient, la carte soumise - devient durant l'été une turbulent life - bruissements échauffés, regards courroucés - jusqu'au moment de l'ouverture et de la liberté.
vendredi 4 août 2023
jeudi 3 août 2023
Lire : Fred... ou ordinaire ?
Il s'adossa à couvert contre une colonne et attendit. ça ne le gênait pas d'attendre, il était naturellement plus patient qu'un autre. [...] Une hirondelle au vol rapide entra dans le hangar, où elle avait sûrement son nid. Ce qui l'amena naturellement à l'étrange obsession de Johan en quête de l'hirondelle blanche. Pas si étrange, au bout du compte, il était bien lui-même tombé amoureux d'un hérisson. Mais son hérisson existait, au lieu qu'une hirondelle blanche était une vue de l'esprit. Il lui faudrait demander à Mercadet de vérifier s'il existait des hirondelles albinos. Et pourquoi pas ? Car enfant, avec son père, ils avaient croisé un merle blanc. Encore que le fait que Johan soit en quête d'une vue de l'esprit ne le choquait en rien. [p.195-196]