mardi 28 septembre 2021

Voir : quand les liens font mal

 

Visionné hier soir ce film tiré d'un roman de Tatiana de Rosnay. N'ayant pas lu le livre, paru en 2009, je n'ai pu qu'évaluer la version cinématographique. Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse de grand cinéma (un traitement proche de la série télévisée, un certain nombre de personnages manquant d'épaisseur, un emballage trop édulcoré). Il n'empêche que cette histoire aux allures de polar tient en haleine : le spectateur, qui s'identifie au personnage principal, se voit très vite en proie à un besoin de vérité viscéral.

Qu'est-ce qui cause tant de mal à Antoine, le protagoniste quadragénaire qu'on découvre largué, en pleine perte de repères dans tous les domaines de sa vie ? Qu'est-ce qui le pousse à se mettre en danger et à faire courir des risques sérieux à tout son entourage ? De quels mots a-t-il besoin et de quels maux doit-il être guéri ?
 
Un film qui traite des familles et de leurs secrets. Des secrets qui tyrannisent, exigent mensonges et omissions, imposent le silence. Tatiana de Rosnay aime sonder les mystères du passé et aller inciser ses plaies infectées. On la perçoit comme une narratrice bien plus qu'une écrivaine. Elle cisèle la trame d'un récit davantage que le style qui le porte. C'est sans doute ce qui fait d'elle une auteure très prisée par le cinéma. 
 
Ici, le secret diffuse un poison qui peut briser un être et risque d'aller se transmettre de génération en génération. Il réclame une victime désignée, un bouc émissaire. La souffrance d'Antoine permet de faire tenir debout tout le système : les sourires, les célébrations, les embrassades ne peuvent exister que si cet anti-héros dysfonctionne. Peu importe qu'il souffre et paie le prix fort. C'est le coût à payer pour la cohésion de sa famille : tous les membres font alliance autour de cette évidence.
 
Mais, heureusement, Antoine se révèle un emmerdeur rempli d'énergie et de ténacité et, contrairement à ce qui peut se passer parfois dans la vraie vie, l'histoire lui ménage la meilleure des issues. Quant à ceux qui regardent, au final, ils approuvent les films plutôt moyens quand ils se terminent bien.

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