mercredi 11 avril 2018

Vivre : let it be / 15





Depuis la ruelle pavée, on devinait que quelque chose avait changé. Les beaux objets ethniques, les bols, les châles, les bracelets, avaient disparu. La devanture de la boutique ressemblait à une scène désertée. A l'intérieur, toutefois, un vernissage branché battait son plein.

Deux Castafiores enturbannées et ravalées, accueillaient avec force exclamations des invités apparemment triés sur le volet. L’une expliquait à un type déguisé en ouvrier (veste en gros drap bleu et pantalons savamment tachés) comment le designer avait conçu la déco. Elle pointait de ses ongles fuchsia les parois roses et la peinture aux teintes acides déversée sur le sol. L’autre ouvrait  grand les bras et manifestait avec des trémolos sa joie de voir arriver deux aaamiiies milanaises.  Un bref tour des locaux permettait de constater que le vide était bien orchestré : ça et là, sur les étagères, une coupelle, une chose, un truc, un machin, du rien. 

On s'est regardés et on a décampé. On aurait dit la scène où Nanni Moretti et son ami repartent de Panarea à toute berzingue, fuyant la tirade d'une femme qui les inonde de propositions alléchantes : une célébration en hommage au mauvais goût ! une autre mondanité pour fêter son divorce ! Atmosfere ! Creazioni ! Elefanti bianchi ! un Watusso!  



2 commentaires:

  1. Coucou. Cette scène est mythique. :-)) J'en ri encore. Oui, il y a des gens trop bling bling qu'il vaut mieux fuir. Ils ont un avis sur tout, célèbre un art du vide (dans tous les sens du terme) et deviennent tellement casse-pieds qu'on aurait envie d'enlever la pile duracel qu'ils ont dans le dos.
    Silence, contemplation, amour du vrai. Voilà. Et tant pis pour les beaux ongles fuchsia. :-) Bises alpines.

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  2. Oui, une scène culte tirée d'un film culte. J'adore la manière avec laquelle Nanni épingle ce genre de situation. c'est soft et en même temps impitoyablement drôle. Belle fin de journée, chère amie alpine!

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