samedi 4 juin 2016

Habiter : musée domestique







Longtemps, je n’ai pas aimé les bouquets. Ni en offrir ni en recevoir. Leur aspect éphémère me dérangeait, j’y voyais un gaspillage d’argent et d’énergie (changer l’eau, trouver le bon vase, disposer élégamment et finir par jeter). La place des fleurs, pensais-je, était dans les jardins et les prés.
Un jour, j’ai compris avec un pincement de cœur ma résistance aux fleurs coupées : d’un coup de cisaille, on les soustrait à leur sève, on les prive de leurs racines.
Depuis que je médite, l’aspect provisoire de toute chose ne me dérange plus. Récemment, je me suis surprise à accepter un bouquet proposé chez une fleuriste (je serais incapable d’amputer notre lilas ou l’un de nos rosiers). Je commence donc à disposer des fleurs dans notre espace de vie. Je me retrouve souvent ébahie devant leur beauté, leur façon de s’ouvrir au monde. Mon regard plonge dans les formes et les couleurs. Je perds toute notion de temps, comme devant un tableau de Vermeer ou de Pisanello.  


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