mercredi 8 juin 2016

Lire : Madeleines I





Je me souviens, enfant, il n'y avait pas un seul livre à la maison. Mes parents avaient dû quitter l'école à la fin du primaire et ils étaient trop occupés à travailler pour chasser la misère honnie de notre table : ils n'avaient jamais eu le temps ni les moyens de se consacrer à ce qui leur apparaissait tout à la fois comme un luxe et un objectif pour leur progéniture.
Je me souviens qu'à neuf ans, un jeudi, j'avais découvert le bus de la bibliothèque municipale parqué dans un rue du quartier et que j'avais tiré ma mère par la manche pour qu'elle vienne signer le formulaire d'inscription.
Je me souviens ensuite les longues heures passées  à lire allongée dans ma chambre. A lire de tout, des romans, des documentaires, des biographies de musiciens célèbres, ou des histoires de dynasties européennes.
Je me souviens les aventures de Fantomette et du Club des Cinq. Les livres de la comtesse de Ségur. Et deux bouquins qui s'intitulaient Tu seras heureuse, Rita et Belles et bielles (édité chez Marabout Junior)
Je me souviens la série des Sylvie et des Alice. 
Je me souviens la bibliothèque verte et la collection Rouge et Or.
Je me souviens les entrées sur les rois se prénommant Jean ou François dans le Larousse illustré.
Je me souviens de Jo March, mon héroïne incontestée, elle qui se réfugiait dans son grenier pour lire en compagnie d'un rat apprivoisé et d'une demi-douzaine de pommes rainettes.
Je me souviens que Charles le Téméraire était mon héros bien-aimé.
Je me souviens à Noël mon impatience à déchirer le papier cadeau pour découvrir un roman.
Je me souviens des jours pluvieux où je relisais des livres rébarbatifs, juste pour le plaisir de lire.
Je me souviens des prix reçus en fin d'année scolaire, parcourus des dizaines de fois durant les étés solitaires.
Je me souviens à la bibliothèque, l'attrait des ouvrages sur la sexualité, malheureusement placés sous le regard trop vigilant des bibliothécaires.

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