jeudi 13 juillet 2017

Voyager : dans un train à trop grande vitesse


Photo trouvée sur le site Alsace Tourisme

Le cimetière, la première fois, j’ai cru avoir la berlue.
Le cimetière, pendant longtemps, je me suis demandé ce qu'il faisait là, coupé de tout.

Il faut dire que je l’aperçois seulement depuis un wagon, et sur cette ligne qui relie Bâle à Strasbourg, alors que l’on avance avec une lenteur désespérante jusqu’à Mulhouse, 
tout à coup le train se met à foncer, avec des allures de TGV comme s’il se ravisait 
et était soudainement pressé de rejoindre sa destination,
et le paysage défile alors beaucoup trop vite.

Seul le vaste ciel alsacien reste impassible, traversé de lourds cumulus mousseux.

Je peinais à comprendre : que faisaient là, toutes ces tombes, anciennes, isolées, abandonnées? 
Et, à chaque trajet, j’attendais l’instant fugitif – à peine trois, quatre secondes - qui me permettrait d’apercevoir 
ces stèles grises, dressées dans l’herbe. Je me retrouvais à chaque fois curieuse et mélancolique, 
frustrée, interrogative face à cette mémoire livrée à l'oubli.

Je scrutais cet étrange cimetière, si loin de la ville, coincé entre un pont enjambant la voie ferrée et des champs de blé. Coincé, mais majestueux.


Alors, cette fois-ci, à l’aller et comme au retour, je me suis juré que prochainement j’irai exprès à Sélestat 
pour visiter son vieux cimetière juif, 
rendre hommage à ses disparus, 
écouter sa dignité solitaire dans le vrombissement des convois et des voitures

2 commentaires:

  1. Rendre hommage à toutes ces personnes qui ont tant souffert. La mémoire est importante. Car le monde actuel continue de faire souffrir, comme s'il n'avait encore rien compris. Bises ma Dad.

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  2. Une bien belle résolution, que tu as pris là.
    Nous le devons à ceux qui sont morts à cause de la folie des hommes.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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