Hier, c'était ma première fois. Jusqu'à présent, je l'avais
soigneusement évitée, lui préférant ses illustres voisines, Strasbourg,
Colmar, je l'avais contournée - honte à moi - avec une certaine négligence pour aller suivre la racoleuse route des Vins. Mais
quand on m'a proposé d'aller visiter le musée renfermant certaines de ses gloires passées, j'ai cru me rappeler que c'était une incomprise. Une raison supplémentaire pour partir à sa découverte sans bouder mon plaisir. Sur le trajet, on a vite remarqué qu'on allait à rebours non pas du bon sens, mais de celui des départs. On n'a fait que croiser des colonnes et des colonnes dirigées vers le Sud ou vers les grandes enseignes du tourisme pascal. Chez elle, rien. Aucune langue étrangère au coin. Un calme olympien. Ou alors peut-être l'effervescence ordinaire d'une veille de Fête.
A vrai dire, dès le premier regard, ce fut un coup de foudre. Oh! rien de bien resplendissant dans cette ville où tant d'éléments semblaient s'entrechoquer, mais justement l'ensemble de ces entrechocs la rendait vivante, attendrissante, captivante. Entre vitrines élégantes et mendiants frigorifiés, entre bâtiments historiques et constructions abominables, entre faubourgs industriels et maisons de maître décaties, la ville ressemblait à un animal qui se remet d'anciennes blessures, qui en a vues d'autres et s'apprête à en revoir. Cela dit, elle ne manquait ni de prestance ni de dignité et question culture, elle en avait à revendre. Entre autres trésors, ma préférence à moi : la Lefèvre (Paris, 1809), une machine à impression pourvue d'un rouleau de cuivre. Une beauté dans son genre, un modèle devant lequel je suis tombée en pâmoison et que j'ai photographié en long en large et en travers.
A la pause de midi, on s'est dégoté un troquet de qualité où l'on s'est promis de remettre très vite les pupilles, les papilles et les pieds tant les propositions étaient succulentes. Quant aux divers magasins de bouche, mention spéciale aux chocolateries : elles avaient de quoi vous refiler des électrochocs tout ce qu'il y a de plus curatifs. Sans suivre le moindre guide, on est entrés, on en a visité plusieurs et enfin on a découvert celle-là, et là, là on est restés baba. Par chance, l'horodateur nous rappelait à la raison, faute de quoi, on y serait encore. Un délire. Un délice à l'état pur. Je ne m'en suis pas encore remise. Un artifice pluriel. Une joie sans limite pour nos sens émoustillés. Heureusement qu'on a ramené de quoi entretenir largement le goût du souvenir. C'est donc les poches vides et les paniers pleins qu'on est rentrés gavés et comblés à nuit tombée.
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