dimanche 7 avril 2024

Habiter / Vivre : l'objet des tous mes désirs

 
Tokyo House / Unemori Architects
 
Longtemps, ce furent les catalogues de jouets. Couchée à plat ventre sur mon lit, les pieds croisés qui se dandinaient d'avant en arrière et le visage logé entre mes paumes, je me penchais pendant des heures sur les poupées Barbie, les mamans et les bébés. Et toutes leurs panoplies assorties. Un monde merveilleux s'étalait devant moi - évidemment hors de portée de mes économies - et Noël qui était toujours si loin, Noël qui se perdait dans un futur inaccessible... L'impossibilité de réaliser mes rêves laissait libre cours à mon imaginaire. En pâmoison, je tournais et retournais les pages.
Ensuite, ce furent les magazines qui montraient comment se maquiller, lip gloss, palettes d'ombres à paupières, mascara et eye-liner. Entre dix et treize ans, j'ai passé un temps fou devant tous ces fards tellement enviables que les adultes m'interdisaient. Le Graal s'appelait Yves Rocher, son Livre vert, je  le feuilletais jusqu'à l'usure (quand je pense qu'à présent, je ne sais comment me défaire de leur matraquage publicitaire...)
Tout cela est passé depuis longtemps. Maintenant, ce sont les reportages sur l'habitat qui stimulent mes pupilles, toutes les maisons du monde, pourvu qu'elles aient quelque originalité, qu'elles révèlent une manière nouvelle d'habiter, spécialement celles de dimensions réduites : les tiny houses, les cabanes au fond de forêts immenses, les chalets en bois lasuré dominant des paysages nordiques, les constructions inondées de lumière océanique, quel bonheur de les explorer ! Je me projette dans ces intérieurs, évaluant leur aptitude à m'accueillir en congé sabbatique de longue durée. J'explore d'autres vies possibles en parcourant revues et pages internet.
Même si je ne pourrais vivre dans aucune autre maison que la mienne, et si je ne peux concevoir que quelqu'un d'autre l'habite tant elle fait corps avec moi, j'adore m'infiltrer ailleurs par la pensée, émettre des propositions critiques, me projeter dans des espaces à conquérir. L'autre jour sur le site du Guardian ce reportage sur les logements urbains de petite taille mais aux larges perspectives m'a laissée songeuse. Comme autrefois, je me suis laissée aller à la noble activité de m'évader. Je me suis remise à explorer. Le bureau Unemori de Tokyo m'a littéralement scotchée. Spécialement la House Tokyo  un assemblage de boîtes où circule l'air en toute liberté, qui évoque une maison de poupées, une maison où l'on pourrait caser toutes celles qui autrefois me faisaient saliver.
 

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