Pendant que je m'installais au comptoir, j'ai commandé sans attendre : "Des haricots fermentés au thon, des tiges de lotus frites, et des échalotes au sel s'il vous plaît!" pour entendre presque simultanément le vieux dos fatigué énoncer : "Échalotes au sel, tiges de lotus frites, haricots fermentés au thon! Tout en me faisant la remarque que nous avions les mêmes goûts, je l'ai observé tandis que lui aussi se tournait de mon côté.
Trente années les séparent. Elle est une jeune femme indépendante, pas vraiment rangée. Elle le décrit comme un vieillard. Ils s'étaient rencontrés vingt ans auparavant. C'est lui qui la reconnaît et l'aborde dans le petit troquet où ils ont leurs habitudes. Il lui rappelle qu'elle a été son élève au lycée où il enseignait la littérature (une très médiocre élève). D'elle, on sait seulement qu'elle travaille dans un bureau. Le travail dans leur vie, comme dans les films de Rohmer, ne joue qu'un rôle très secondaire. Ils finissent par se croiser, au hasard des soirées, de plus en plus souvent. Ils boivent ensemble énormément de saké, pas mal de thé, rarement du café. Leurs points communs sont la nature (la pluie, les arbres, les fleurs, les orages) et surtout la nourriture. Ils sont de fins gourmets, réunis par les même goûts culinaires. A les entendre énoncer, soir après soir, la liste de leurs commandes, on se prend à saliver, même si l'on sort d'un bon dîner.
Il leur arrive une multitude de petites et grandes aventures et c'est souvent à travers de menus détails qu'on devine l'intensité progressive de leur lien. Il lui apprend, il la surprend, et, contrairement à ce qu'on pourrait croire, durant leurs excursions c'est toujours lui qui marche devant.
Leur histoire, adaptée en BD par Jirō Taniguchi, fait partie de ces lectures doudou, qu'il fait bon déguster en cas de bobo de toute nature, qui savent vous consoler et vous éviter bien des cauchemars.
Le roman de Hiromi Kawakami, publié au Japon en 2001, je l'ai parcouru récemment au bord d'une piscine, tandis qu'un crapaud qui s'était invité sans façons dans son eau vert amande émettait un croassement intermittent. Le mangaka a réalisé un ouvrage très original et en même temps très fidèle à l'écrit, lequel dépeint en touches subtiles les mouvements des cœurs et des corps. Ainsi, parcourant le livre, il me semblait voir se déployer sous mes yeux les dessins délicats des albums découverts il y a dix ans. Je lisais des mots et je découvrais des images, avec les oiseaux, les grillons, le batracien et le clapotis en fond sonore.
Le roman de Hiromi Kawakami, publié au Japon en 2001, je l'ai parcouru récemment au bord d'une piscine, tandis qu'un crapaud qui s'était invité sans façons dans son eau vert amande émettait un croassement intermittent. Le mangaka a réalisé un ouvrage très original et en même temps très fidèle à l'écrit, lequel dépeint en touches subtiles les mouvements des cœurs et des corps. Ainsi, parcourant le livre, il me semblait voir se déployer sous mes yeux les dessins délicats des albums découverts il y a dix ans. Je lisais des mots et je découvrais des images, avec les oiseaux, les grillons, le batracien et le clapotis en fond sonore.
"Les années douces" se savourent comme un sirop grenadine, avec le plaisir incomparable et renouvelé des belles histoires bien racontées, avec la nostalgie, aussi, de toutes les amours dont on connaît la fin (dont il ne faut rien révéler).
Ooooh, tu me donnes envie de le lire, de le découvrir, Dad. Je viens de noter le titre sur mon carnet de livres à emprunter ou à acheter. Merci ! :-)
RépondreSupprimerBelle fin de journée à toi.
Alors... bonne lecture... et très belle journée à toi.
SupprimerPS : nouvelle photo ?
Photo de profil ? Oui. :-)
SupprimerBonne soirée à toi, Dad.