Adoration des Mages / Benozzo Gozzoli / cappella Medici-Riccardi / Florence
Tous les lundis, ça devient une habitude,
je commence à guetter leur apparition
sur le quai numéro cinq
tandis que j'attends mon Intercity
juste en face.
Elle l'accompagne, naturellement,
le prenant par la main jusqu'à son train de banlieue,
et reste à ses côtés pour ne pas perdre
une miette de sa présence.
Ils sont jolis comme deux cœurs à l'unisson.
Ils se prennent par la main, s'enlacent et s'embrassent,
se bécotent, se picorent le visage à coups de baisers.
Elle n'est pas très grande, pas une perche, loin de là,
mais elle doit bien faire dix centimètres de plus que lui.
Alors, il passe son temps à se hisser sur la pointe des pieds,
tandis qu'elle se penche avec délectation
sur son farfadet binoclard et fin comme un roseau printanier.
A eux deux, ils doivent avoir un quart de siècle à tout casser.
Ils restent là, dans leur bulle,
comblés,
indifférents au reste du monde,
tandis que les banlieusards attendent,
et que des collégiens goguenards passent en bande.
Leur amour les rend invincibles
et rend le reste du monde invisible.
Mes p'tits amoureux du lundi illuminent ma soirée,
moi qui viens de quitter un appartement chagrin,
peuplé de souvenirs et de plaintes
et de vaines recommandations.
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