vendredi 25 novembre 2016

Lire : quand Karl Ove rencontre Richard (sur mon divan)

Famiglia Valmarana (détail) / palazzo Chiericati / Vicenza

Quand il me reste une petite chute de temps, entre deux, j'aime tendre la main vers une pile de livres amis et me plonger dans une brève relecture. L'autre soir, R. se faisait attendre et j'ai parcouru dans Un homme amoureux le passage où Knausgaard accompagne sa petite fille à un goûter d'anniversaire chez des parents bobos et très culinairement corrects. Parmi les adultes présents, il y a un père, Gustav, avec qui il sympathise :
"C'était un homme jovial et rayonnant, petit et trapu et toujours soigneusement habillé. Il avait la nuque épaisse, le menton large et le faciès aplati mais ouvert et simple. Il parlait volontiers des livres qu'il aimait, en l'occurrence ceux de Richard Ford.
- Ils sont excellents. Tu les as lu? Ils racontent la vie d'un agent immobilier, d'un homme tout à fait ordinaire, tout ce qu'il y a de plus familier et de plus courant, en même temps qu'il saisit toute l'Amérique! L'ambiance américaine le pouls de la nation!"
 Or,  à mes côtés, justement, se trouvait En toute franchise, le dernier livre de Ford traduit en français, dont je venais à peine d'achever la relecture. J'avais acheté le roman en édition de poche, dernièrement, sans réaliser que je le connaissais déjà, l'ayant emprunté à la bibliothèque lors de sa sortie, aux éditions de l'Olivier. L'ayant donc redécouvert avec bonheur, comme Karl Ove et son copain Gustav, je m'étais aussi délectée de l'écriture directe et efficace de Richard.
"En attendant, la ville de Haddam connaît des coupes claires dans ses services. Les républicains au conseil municipal prétendent que les salaires coûtent trop cher. Le trou dans le budget tourne autour de quinze millions. Un grand nombre d'employés municipaux parmi les plus anciens, vrais piliers du service public, ont reçu leur lettre à la veille de Noël. Il a fallu tirer de la naphtaline où elle dormait depuis dix ans la vieille crèche aux Rois Mages résolument aryens, parce que la société qui loue des crèches ethniquement correctes - avec Levantins et Noirs - a augmenté ses tarifs. Les bouquets de gui n'ornent plus qu'un lampadaire sur trois le long de Seminary Street."
 Ce genre de petites coïncidences me ravissent : des  écrivains se croisant dans mon salon, comme des amis, dont on apprend qu'ils se connaissent par ailleurs et s'apprécient déjà.



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