dimanche 3 septembre 2017

Vivre : les incertitudes de l'amour


Portrait d'un homme (détail) / Michael Sittow / Mauritshuis / La Haye

Quand Bea, une amie de toujours, m’a enfin donné de ses nouvelles, après un long silence, et écrit que son mari s’était mis à « whatsapper » avec une autre, j’ai tout d’abord cru mal comprendre. Quoi ? Ce mec psychorigide, bardé de principes, ce calviniste invétéré? Cet écolo-facho qui interdisait à ses enfants les frites, la télé, les cartes Panini? What’s app serait entré dans sa vie ? Il se mettrait à chatter ? Je l’ai imaginé un instant insérer des smileys, des locomotives et des oursonnets pour sa nouvelle dulcinée. J’ai eu du mal à me retenir de rigoler.
Mais Bea va mal, très mal. Elle a passé un sale été. Elle, généreuse et maternelle artiste, n’arrive plus à peindre, ni même à ébaucher.
En m’empressant de lui répondre, à vrai dire, je regardais la corbeille à papier. Je songeais à cette longue et douloureuse relation qui me semblait n'avoir que trop duré. J'avais très envie de lui suggérer: Profite-en pour le jeter ! Vis ta vie loin de ce boulet !
Mais Bea tient à lui. Et il faut toujours ménager les sentiments d’une amie blessée. Je lui ai donc envoyé des mots tout doux qui l’encourageaient à se recentrer et à créer. Je l'ai invitée à explorer les va-et-vient de sa météo intérieure et les tracer en courbes, en couleurs, en épaisseurs. A esquisser sur le papier les vides, les coulées de lumière et les ombres,  pour parvenir un jour à se redessiner un été. Un été bien à elle. Avec ou sans smileys.


2 commentaires:

  1. Oui. Qu'elle retrouve son été plein de couleurs et de vie. Mais il lui faudra passer sans doute encore par bien des déboires avant de prendre la décision qui s'impose. Moi...cela m'a pris bien du temps. Mais Béa a une amie fidèle. Toi. Bises alpines ma belle âme.

    RépondreSupprimer
  2. Les amies sont souvent impuissantes face à la souffrance. Elles n'ont que des mots - qu'elles espèrent utiles et doux - pour accompagner. On ne peut rien faire pour l'autre, juste être là. Car même si on croit comprendre et savoir, il faut laisser à l'amie son rythme et sa vérité. Et, comme tu le dis si bien, cela peut prendre beaucoup de temps. Belle journée, ma chère Dédé!

    RépondreSupprimer