dimanche 18 mars 2018

Voyager : encore une fois




J’hésitais à retourner dans la ville par pure superstition.
Lors de ma dernière visite j'avais vécu là-bas des moments intenses, très beaux et je craignais qu'un retour ingrat ne puisse en briser le souvenir.
Je me souviens particulièrement de cette première matinée de novembre, qu'on aurait pu qualifier de maussade. La pluie tintinnabulait contre les vitres et, sur la terrasse, le chat de la voisine tentait de courser un merle sans conviction. Tandis que R. dormait encore, lovée dans un fauteuil, je m’étais absorbée dans la contemplation du dehors. Curieuse, sans être voyeuse, je regardais l'immeuble d'en face, ses intérieurs, les silhouettes furtives, les lumières qui s’allumaient et s’éteignaient, et je laissais défiler mes pensées. C’étaient des pensées douces comme une confiture d'automne, comme un soleil timoré. Je crois que je ne m’étais pas sentie aussi sereine depuis des années. Je vivais ce matin-là une sorte d'ouverture, une éclaircie, que le ciel bas ne pouvait refréner.
J’aurais pu rester ainsi pendant des heures. Je ne trouvais aucune tristesse à la saison, aucune tristesse à la pluie, aucune tristesse à l’attente. En fait, je n’attendais rien. Je me sentais vivre intensément.

Oui, je garde le souvenir d'avoir été profondément vivante durant ces instants. Et tout à coup, repensant à cette miraculeuse matinée, oubliant mes croyances irraisonnées, ouverte à tout ce qui était susceptible d’arriver, je me suis décidée à partir rejoindre Johannes, Vincent, le Rijks et toutes les surprises que l'immense ciel amstellodamois pouvait me réserver.

2 commentaires:

  1. Et le vol de cet oiseau (superbe photo!) me transporte dans des rêves d'évasion. Merci pour ce beau moment que tu partages ma chère. Belle soirée.

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  2. Oh contrairement aux tiennes, mes photos ne sont belles que par hasard. Ici, je crois bien que l'oiseau s'est jeté littéralement devant l'objectif! Belle soirée!

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