Récemment je me suis rendu à une conférence de presse à l’occasion de la publication d’un livre qui venait tout juste de sortir de presse. La présentation de l’ouvrage était interrompue de chansons et le public, il ne s’agissait pas seulement de journalistes, en redemandait. J’avais décidé de participer à cette séance, qui finissait en dédicaces, pour pouvoir parler avec l’éditeur. Mais à un moment précis, quelqu’un me tapa sur l’épaule et je me retournai pour voir quelqu’un d’un certain âge que je ne connaissais pas, ou plus exactement que je ne reconnaissais pas. « Que deviens-tu ? m’a demandé l’homme qui se fit reconnaître, car trente ans et plus même avaient passé depuis notre dernière rencontre. J’étais parti, j’avais laissé derrière moi la ville, les amis et les connaissances pour construire ma vie ailleurs, j’avais l’impression d’être enfermé : même travail, même chaise au restaurant habituel, mêmes thèmes de discussion. La rupture fut totale et aurait pu le rester, si ce n’est que par cette rencontre inopinée que tout me revint en mémoire. Cette rencontre m’a projeté en arrière, comme si rien n’avait changé : « je suis devenu avocat et je n’ai quitté la ville que pour quelques mois une fois, pour un stage… et toi ? ». J’avais vraiment l’impression que tout s’était figé dans cette cité avec laquelle j’avais toujours eu un rapport difficile. Alors que de mon côté j’avais changé de vie et professionnelle et affective, bougé plusieurs fois, recommencé aussi plusieurs fois… rien n’avait changé, là-bas. Où est l’avenir, est-il aussi statique que le passé, immuable, rassurant peut-être, ou créatif et mobile et une multitudes de questions ?
C'est exactement ça : retrouver des années plus tard de gens qu'on a fréquentés et qui nous ramènent à une autre vie, une autre époque de nous-mêmes. Si c'est nous qui avons quitté la ville, l'endroit en question : une occasion de mesurer la distance franchie, les expériences marquantes, durant cet éloignement dont on avait un urgent besoins, et l'on peut aussi se demander : qu'en a-t-il été pour les autres, ceux qui sont restés ? qu'ont-ils fait de tout ce temps ? Il est possible qu'il ne se soit rien passé de particulier pour eux, toujours la même routine, mais aussi qu'ils aient vécu des événements marquants plus discrets, en souterrain. Quand on est parti, on peut avoir l'impression que rien n'a changé là-bas. Mais c'est peut-être seulement une impression. Dans tous les cas, les retrouvailles sont l'opportunité de faire un bilan sur soi. Belle soirée et bonne progression!
Récemment je me suis rendu à une conférence de presse à l’occasion de la publication d’un livre qui venait tout juste de sortir de presse. La présentation de l’ouvrage était interrompue de chansons et le public, il ne s’agissait pas seulement de journalistes, en redemandait. J’avais décidé de participer à cette séance, qui finissait en dédicaces, pour pouvoir parler avec l’éditeur. Mais à un moment précis, quelqu’un me tapa sur l’épaule et je me retournai pour voir quelqu’un d’un certain âge que je ne connaissais pas, ou plus exactement que je ne reconnaissais pas. « Que deviens-tu ? m’a demandé l’homme qui se fit reconnaître, car trente ans et plus même avaient passé depuis notre dernière rencontre. J’étais parti, j’avais laissé derrière moi la ville, les amis et les connaissances pour construire ma vie ailleurs, j’avais l’impression d’être enfermé : même travail, même chaise au restaurant habituel, mêmes thèmes de discussion. La rupture fut totale et aurait pu le rester, si ce n’est que par cette rencontre inopinée que tout me revint en mémoire. Cette rencontre m’a projeté en arrière, comme si rien n’avait changé : « je suis devenu avocat et je n’ai quitté la ville que pour quelques mois une fois, pour un stage… et toi ? ». J’avais vraiment l’impression que tout s’était figé dans cette cité avec laquelle j’avais toujours eu un rapport difficile. Alors que de mon côté j’avais changé de vie et professionnelle et affective, bougé plusieurs fois, recommencé aussi plusieurs fois… rien n’avait changé, là-bas. Où est l’avenir, est-il aussi statique que le passé, immuable, rassurant peut-être, ou créatif et mobile et une multitudes de questions ?
RépondreSupprimerGaspard qui avance
C'est exactement ça : retrouver des années plus tard de gens qu'on a fréquentés et qui nous ramènent à une autre vie, une autre époque de nous-mêmes. Si c'est nous qui avons quitté la ville, l'endroit en question : une occasion de mesurer la distance franchie, les expériences marquantes, durant cet éloignement dont on avait un urgent besoins, et l'on peut aussi se demander : qu'en a-t-il été pour les autres, ceux qui sont restés ? qu'ont-ils fait de tout ce temps ? Il est possible qu'il ne se soit rien passé de particulier pour eux, toujours la même routine, mais aussi qu'ils aient vécu des événements marquants plus discrets, en souterrain. Quand on est parti, on peut avoir l'impression que rien n'a changé là-bas. Mais c'est peut-être seulement une impression.
RépondreSupprimerDans tous les cas, les retrouvailles sont l'opportunité de faire un bilan sur soi.
Belle soirée et bonne progression!