mardi 27 septembre 2022

Voyager : des images dans la ville

 
Baptistère / Cathédrale de Padoue / Giusto da Menabuoi
 
C'est une ville où les images sur les parois médiévales sont étincelantes. A l'intérieur d'un baptistère ou de chapelles privées, elles ont la beauté d'un paradis retrouvé. On en perdrait la boule à trop vouloir les regarder. Sortant, on quitte avec difficulté le vertige qui s'est emparé de soi, Stendhal me comprendra, sentiment de retrouver la terre ferme après avoir failli se noyer. C'est une ville où l'on perdrait aisément la notion de l'espace et du temps.
 
 
Dans les rues, dans les coins plus précisément, on retrouve aussi d'autres images, moins élégantes, plus terre à terre, certaines se défont sous l'effet de la pluie et de divers outrages, d'autres ont surgi, à l'improviste, qu'on voit qu'on ne voit pas, on a l'impression d'en découvrir à chaque fois.
 

C'est une ville qui vit, qui déverse dans ses artères des flots de chiens, de pèlerins, d'écoliers et de vélos. On y cultive encore plus qu'ailleurs l'art de la discussion et l'art suprême de l'apéro. On tremble en la voyant découvrant promue dans toujours plus de magazines, vantée avec des couleurs sursaturées. On craint dès l'an prochain un excès d'arrivées prêtes à tout désarticuler, des flots de touristes envahissants évinçant les traditionnels croyants. On aimerait la préserver comme on la connait, depuis toujours, avec ses vendeurs de cierges, ses curés empêtrés dans leurs soutanes, ses fonds d'artichaut qui dansent dans leurs bassines et les clochers déployant leurs chants à toute volée par-dessus les cris des étudiants enfin diplômés. On la regarde comme un bien fragile, un chef-d’œuvre en péril, un enfant chétif à protéger. On savoure la fin de son été.



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