samedi 3 décembre 2022

Regarder : des bêtes et des hommes

 
Thomas Rousset / Prabérians / Françoise et son busard / The Guardian / 29.11.2022

L'autre jour, suis tombée sur le travail de Thomas Rousset, un photographe isérois, diplômé de l'Ecole Cantonale d'Art de Lausanne en 2009 et qui vit et travaille actuellement dans cette ville.
C'est un artiste qui commence à acquérir une certaine reconnaissance. Ses recherches photographiques prennent naissance à Prabert, un village au nord-est de Grenoble dont il est originaire. Ses images à la fois ancrées dans la ruralité et empreintes de surnaturel impressionnent par leur profondeur et leur originalité. Chacune d'entre elles raconte une histoire hors du commun, que le spectateur peut interpréter en toute liberté. Le reportage qui lui était consacré sur le site du Guardian (ICI) cette semaine est très évocateur. Apparemment, il s'agit d'un travail de longue haleine, mené sur une durée de quatre ans et qui se base sur son projet de fin d'études de Bachelor en communication visuelle et photographie.
Il a entre autres représenté Françoise, une paysanne du coin, qui a établi au fil du temps une relation de confiance avec un busard et a fini par cohabiter avec lui. 
De tous les oiseaux de notre région, les busards sont les plus attachants. Il y en a une multitude qui volent autour de la maison et veillent sur nos promenades. Ils ont quelque chose d'impressionnant (des rapaces, tout de même) et en même temps, ils paraissent si proches, un peu farouches, empreints d'une grande noblesse sans être vraiment intimidants, se faisant souvent harceler par les corbeaux, plus petits, mais nettement plus agressifs. Ce qui frappe dans ce portrait proposé par Thomas Rousset, c'est le lien horizontal entre ces deux habitants de la montagne, leur partage de l'espace intérieur, l'effacement des frontières entre humain et volatile. 
Des images terre-à-terre un peu décalées, un peu oniriques, hors des clichés bucoliques. Loin de toute mièvrerie, une invitation à porter un autre regard sur les territoires alpins et les êtres qui en sont natifs.
 

2 commentaires:

  1. Ce qui me frappe dans les diveres œuvres que j'ai vues, c'est l'extraordinaire travail « en amont » avant d'appuyer sur le déclencheur. Chaque photo a été longuement travaillée et préparée pour donner une impression d'instantanéité. Il s'agit d'œuvres d'art, pas de photos de reportage.
    J'apprécie particulièrement l'ampleur des travaux d'éclairage préparatoire se dans les photos de nuit à la campagne ou en forêt.
    Et dans un autre genre voir ici :
    https://www.lemonde.fr/style/portfolio/2014/10/03/le-sens-du-rite_4499829_1575563.html

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  2. Ah! avec cet univers photographique, on est loin de Paris et de ses lumières. On est loin des modes que la capitale voudrait impulser. On est dans une France bien typée. Et puis, chaque image, bien regardée, est conçue de telle sorte que chacun puisse en construire un roman (c'est mon impression).
    Ce qui frappe chez Thomas Rousset, c'est la fidélité à ses origines. Le fait d'être parti "en ville, pour se former, pour travailler comme photographe, ne l'a pas fait couper les ponts. Loin de là.
    Approchant la quarantaine, il présente le travail entamé quand il avait vingt ans, rattaché à ses terres d'origine, et dans une grande cohérence. Dans son projet de bachelor, en 2009, l'esprit de ses créations était déjà en place.
    J'aime ces gens fidèles à ce qu'ils sont et capables de montrer et de développer un monde très personnel. Me réjouis de suivre son travail.
    Merci de ton intérêt et très belle soirée!

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