mardi 13 décembre 2022

Voir : n'importe qui n'importe quel jour

 
Affiche du film Any Day Now
 
Une histoire tristement banale, comme il en existe des milliers un peu partout en Europe en ce moment. Une famille iranienne un brin fantasque, développant des trésors d'énergie et d'adaptation, se voit refuser sa demande d'asile dans un coin perdu de la Finlande. Comment montrer les espoirs déçus et l'injustice, la violence et l'insécurité face au lendemain ? Hamy Ramezan raconte tout cela avec fraîcheur et sensibilité à travers l'expérience d'un jeune garçon de treize ans en train de vivre un été qui pourrait être insouciant. Point besoin de tout dire. Point besoin de tout montrer. La force de l'art tient dans la capacité à solliciter les émotions et l'empathie chez le récepteur. Le résultat : une œuvre tendre et attendrissante pour dire le vécu de ceux qui fuient la misère et les persécutions à la recherche d'un lieu stable où s'enraciner. Le film s'achève sur leur réveil après une dernière nuit dans un dortoir dépouillé d'aéroport.

On visionne ce long-métrage juste après avoir appris le dernier épisode du Qacargate et cette affaire de corruption n'a sans doute rien à voir. Sacs débordants de fric et blanchiment organisé, cartes de crédit illimité et avantages divers (entre autres : une promesse d'achat de chalet pour un syndicaliste bien sous tout rapport). Alors que certains êtres sont renvoyés dans leur pays comme personnes non gratae, on se demande qui sont les vrais indésirables. On se dit qu'on pourrait aussi en expédier certains autres au Qatar. Pourquoi ne pas les envoyer là-bas trimer sur des chantiers, puisque ce pays est apparemment "un précurseur en matière de droit du travail" et "un garant des libertés" ? En cette fin d'année où de plus en plus de gens ont de la peine à s'en sortir dans tous les pays (tant de gens en passe de basculer ou qui ont déjà basculé dans la précarité) ce scandale de trop a de quoi donner une sacrée nausée.
 

2 commentaires:

  1. Les frontières se ferment un peu partout, entre le Mexique et les Etats Unis, entre la Hongrie, la Croatie et la Serbie, pour n’en citer que quelques exemples. L’objectif est de retenir les migrants et réfugiés venant du sud et de l’est, en fuite devant la répression, la misère, la faim et les bombes, comme la famille dont il question dans votre post.

    De l’autre côté, il y a cette richesse, ce luxe clinquant, ostentatoire et souvent l’utilisation de voies détournées, l’utilisation de lobbies pour atteindre ce but. La création d’une ONG qui devrait se consacrer à la transparence et qui sert de plaque tournante à de la corruption et jeux d’influence en est effectivement le dernier exemple. Accepter des crédits illimités, il ne s’agit à ce stade des investigations que de soupçons, créer une société immobilière pour blanchir l’argent reçu et stocker du cash dans son appartement est tout simplement scandaleux. Mais ce n’est que la pointe d’un iceberg qui a des ramifications souterraines bien plus grandes et invisibles.
    Dommage, je sais qu’il faut croire au père Noël, mais là il faudrait un gros, très gros effort et beaucoup de cadeaux.

    Gaspard

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faudrait que les cadeaux indignement reçus soient reconnus comme tels et rendus (pourquoi ne pas les reverser aux familles des migrants morts sur les chantiers du Qatar?). Ces derniers événements m'ont semblé marquer d'une manière encore plus forte le fossé entre les nantis qui se croient tout permis, ne trouvant aucune limite à leur fourberie, et la réalité des opprimés (personne ne se met en danger, ne parcourt de milliers de km pour le plaisir de profiter).
      Un jugement exemplaire, pour moi, ce serait déjà la preuve que nos institutions sont efficaces. Un cadeau pour... Noël prochain ? qui sait ? belle journée à vous.

      Supprimer