samedi 24 décembre 2022

Vivre : Still life / 125

 
 
 
Aimer la pluie - mis à part les orages qui surviennent en pleine canicule - peut relever parfois d'un exploit. Aimer la pluie de novembre, les longues série de journées assombries. Aimer les averses qui plongent sur nos nouvelles ballerines et nous laissent démunie, sans parapluie. Aimer le crachin glacé de janvier, quand pleuvent les factures en même temps que les intempéries. Aimer la pluie peut se révéler un sacré défi.
Durant ce dernier séjour florentin, il a plu quasiment sans arrêt. Le réceptionniste nous a confié que cette météo s'était installée depuis quinze jours au moins. Les bus étaient remplis de gens aux visages graves et aux vêtements dégoulinants. Les regards étaient pensifs et c'était impressionnant de constater la détermination de ces silhouettes à se rendre là où on les attendait. Il y avait dans ces présences quelque chose de noble et de valeureux que rien ne pouvait liquéfier.
En longeant l'Arno, on pouvait observer de rares touristes déconcertés. Plus leur hôtel était étoilé et plus certaines dames derrière les vitrages affichaient des mines contrariées. Elles semblaient considérer les averses comme une offense personnelle. Tellement déçues de leur séjour gâché! 
Nous, la pluviométrie, on s'en accommodait, on prenait la ville telle quelle, avec ses rigoles et ses attraits. Les baleines de mon parapluie, lassées, se gondolaient et semblaient aspirer à une totale autonomie, elles s'étaient mises à danser comme Gene Kelly. En réalité, l'essentiel était à mes pieds : ces bottines magiques trouvées à Venise (une ville qui s'y connaît en humidité). Les pieds au sec, tel est le secret, insensible aux flaques, aux éclaboussures et à la boue, on considère la pluie pour ce qu'elle est : une opportunité de remplir nos nappes phréatiques bien éprouvées l'été dernier, de combler la nature qui nous comble de ses bienfaits, de découvrir la cité des Médicis sous d'autres aspects.
 

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