Ragazze a Nervi / Felice Casorati / Ca' Rezzonico / Venezia
Quoi que vous fassiez, que vous le fassiez seule ou non, à quelque moment que vous le fassiez, de quelque façon que vous le fassiez, pour quelque raison que vous le fassiez, quelque mystérieux que soit le but dans lequel vous le fassiez, n’oubliez jamais que sur l’autre plateau de la balance il y a toujours le néant, la mort, l’oubli. Que c’est vous contre l’oubli. Confessions d'un gang de filles / Joyce Carol Oates
Récemment, au micro de l'Embellie, Lola Lafon a présenté cette citation à propos de l'écriture. Tellement juste, ce petit texte qu'elle a adopté depuis longtemps, et applicable quand on y pense à toute activité dont la reconnaissance est incertaine.
Pendant l'émission, L.L. a beaucoup parlé de jeunes filles et de vieilles dames, de l'attention que l'on doit aux unes et aux autres et c'est marrant parce que quand on la regarde on est surpris par son apparence : une allure d'adolescente angélique et déterminée, et un visage de femme âgée, marquée par toutes sortes d'expériences. On l'observe et on dirait qu'elle a décidé de zapper la case "adulte", passant sans transition de la prime jeunesse à la vieillesse. Ou peut-être ayant tous les âges à la fois.
Par association, comme cela arrive souvent quand un artiste en rappelle un autre de manière aléatoire, j'ai repensé à Adulte ? jamais de Pier-Paolo Pasolini. C'est le titre d'un poème écrit à Rome en 1950 et aussi celui d'un recueil de divers poèmes composés entre 1941 et 1953, que René de Ceccaty a sélectionnés et traduits :
Adulte ? Jamais. Jamais : comme l’existence
Qui ne mûrit pas, reste toujours verte,
De jour splendide en jour splendide.
Je ne peux que rester fidèle
À la merveilleuse monotonie du mystère.
Voilà pourquoi, dans le bonheur,
Je ne me suis jamais abandonné. Voilà
Pourquoi dans l’angoisse de mes fautes
Je n’ai jamais atteint un remords véritable.
Égal, toujours égal à l’inexprimé,
À l’origine de ce que je suis. (Ed. Points, 1995, 2013)
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Adulto? Mai—mai, come l’esistenza
che non matura—resta sempre acerba,di splendido giorno in splendido giorno—io non posso che restare fedelealla stupenda monotonia del mistero.Ecco perché, nella felicità,non mi sono abbandonato—eccoperché, nell’ansia delle mie colpenon ho mai toccato un rimorso vero.Pari, sempre pari con l’inespresso,all’origine di quello che io sono.
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