mardi 2 mai 2023

Vivre : se souvenir

 
Façade église San Michele / Lucques
 
Il y a ces journées denses, épaisses comme des tranches de pain noir, parcourues de lourds nuages - les émotions comme des yoyos, les souvenirs comme d'intenses cadeaux - ces journées où les ruisseaux sont des larmes ou des averses ou les deux, ces journées qui ne sont qu'attente, entre escalade et espérance. Il y a ces journées qui apportent trop de nouvelles et ces nouvelles, comment dire si elles sont bonnes ? comment savoir où elles nous mènent ? Il y a ces journées où la vie se déchaîne : le ciel pleure, les oiseaux chantent, la mémoire d'un ancien massacre émerge - un massacre a-t-il un âge ? peut-on dire qu'un massacre a 78 ans ? n'est-ce pas toujours le même massacre qui se répète incessamment ?- ces journées où les photos parlent en noir et blanc. Au soir qui tombe, le soleil se rappelle au paysage tremblant, ajoute un peu de douceur à l'image vacillante d'un garçon, quinze ans à peine, traversant les montagnes jambes nues dans la neige, sous les tirs éperdus des gardes-frontières, en quête d'un avenir et en quête de pain. 

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