mardi 14 novembre 2023

Vivre : au coeur des mystères

 

 
On avait obtenu avec grand peine, et pour une seule nuitée, la chambre rouge si chère à nos rêves. Le soir, au cours d'une discussion enflammée, on avait senti une forte odeur de cramé. L'alarme avait sonné.  On avait évité de justesse l'arrivée des pompiers. Le matin, la minuscule salle du petit-déjeuner bruissait comme une ruche : les auteurs et les autrices (enfin : surtout des autrices) se retrouvaient, s'interrogeaient, s'embrassaient. On aurait dit des bouteilles de mousseux que de longues semaines d'écriture solitaire avaient agitées. Les pullovers étaient jacquard et les chaussures moutarde ou orange brûlée. Des exclamations fusaient : "Projet!". "France Culture? France Culture!". Des conversations émergeaient à propos d'anciens loups dans d'anciennes bergeries dans de lointaines contrées. Le festival commençait et une foule de mots, d'échanges et de commentaires crépitaient.
En ville, les hôtels affichaient complet. Même certains piètres restaurateurs voyaient leurs tables occupées (dans la fougue des discussions qui aurait prêté attention à leurs pitances transformées?). L'essentiel se trouvait dans le tourbillon des questions qui s'envolaient, qui rebondissaient, se rattrapaient, se renvoyaient au fond de salles mal ou sur chauffées. Frôlant les murs, on percevait  sur les trottoirs des échos de voix et, somnolant dans quelque entrée, une assistante qui baillait, vérifiait son smartphone, et rebaillait, veillant sur des piles jaunes et noires qui attendaient d'être examinées, et peut-être signées. 
On s'est demandé : pourquoi ne lit-on presque plus de romans policiers ? Le lendemain, à la librairie Goyarddécidant de s'y remettre, on a trouvé de quoi intriguer les longues soirées d'hiver qui s'annonçaient.

 

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