C'est l'invitation la plus délirante de l'année. Elle commence sur un trottoir, dans le centre d'une petite ville provinciale où je n'aurais pas vraiment l'intention de me rendre et encore moins de m'attarder. Mais il se trouve que dans cette rue, il y a de nombreux palais, aux superbes plafonds décorés à fresque, assez bien conservés pour avoir fière allure, et pas assez pour attirer des investisseurs mal intentionnés. A dix-neuf heures trente, on sonne donc à la porte cochère et on obtient le droit d'entrer.
Généralement, on se retrouve seuls, devant une cour plutôt impressionnante, au fond de laquelle est érigé un grand palais. C'est ici que se loge l'Accademia Filarmonica, l'académie de musique, sise depuis 1827 au cœur du Palazzo Gozzani di Treville, et il est assez fréquent d'entendre par les fenêtres entr'ouvertes quelques laborieuses mélodies s'échapper. On se sent un peu intimidé : la lumière faiblissante, sans doute, ou le contraste entre la modestie de la ville et le baroque des lieux. On se dirige à droite vers le grand escalier.
On lève la tête, naturellement. On a beau connaître, on a beau savoir, on se sent toujours un peu chavirer, immergée dans un monde de fastes passés. La tête tourne. Il y a tant à découvrir, tant de détails à observer.
Ce que l'on aperçoit sur la photo ci-dessus, c'est l'arrière-train de mon chien. Ce qu'il est difficile de deviner, ce sont les mouvements constants de sa truffe émoustillée. A coup sûr, il savait exactement où se diriger et n'aspirait qu'à nous y emmener.
A l'intérieur du restaurant se déploient plusieurs salles en enfilade dont chacune a sa particularité. On se dirige vers la table qui nous a été attribuée. On prend place sur des chaises un brin malcommodes si bien qu'on se voit proposer, avec le menu, des coussinets. Et là, la fête commence, car en cuisine une équipe jeune et motivée se met en quatre pour vous étonner.
A partir d'ici, plus de photographies. Notre seul objectif, c'est de nous régaler. Apprécier comme il se doit la cuisine piémontaise traditionnelle, non dénuée de panache et d'inventivité. Le patron et ses dynamiques serviteurs ne se prennent pas la tête. Ici pas de falbalas ou de grands discours, car l'essentiel est dans l'assiette. Pas besoin d'en rajouter.
Hélas, tout a une fin. Au moment de quitter tous les plaisirs du palais, on ressent une ondée de profond regret. Très déraisonnablement, on aimerait recommencer. Remonter les marches, sonner à nouveau à la porte, se faire conduire à sa table et... se réjouir de commander.
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