Klee est un artiste particulier, à mi-chemin entre le figuratif et l'abstraction. A chaque fois que je me retrouve devant un de ses tableaux, face à son univers ludique, je ne peux m'empêcher de jouer. Négligeant la légende, je regarde la toile et je lui cherche un titre. Il y a des fois où ça marche plutôt bien. Quelques rares fois où je tape dans le mille. Et les fois où je tombe vraiment à côté. Ici, j'avais supposé : Un lac au printemps (à cause de la barque céleste, de l'étendue bleue au centre de la peinture, des feuilles qui paraissaient germer, à cause aussi d'une espièglerie qui émerge de toutes parts).
Ce n'était pas tout à fait ça : Port florissant (Image de voyage). 1938.
En quittant le Kunstmuseum, des couleurs plein les yeux en ce mardi venteux, Bâle nous avait offert un regain d'hiver (cyclistes acharnés, élégantes emmitouflées, chiens mantelés, vapeurs et fumées), nous sommes descendus en pente douce vers le Rhin. Juste au moment où nous atteignions les berges, il passait sur le fleuve hérissé, superbe une péniche aux dimensions impressionnantes, transportant une sorte de grue, un engin énorme, filant vers le Nord. Comme le bateau de Klee, elle faisait rêver, cette péniche. Elle donnait des envies de départs au fil de l'eau, d'avancées inébranlables vers des
ports toujours plus florissants, sous des ciels
toujours plus grands.
Nous avons observé en silence. Nous avons pris le temps. Nous avions tout notre temps. Nous étions en vacances. Par le regard.
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