lundi 23 octobre 2017

Vivre : La traversée de l'hiver / 14




Cent kilomètres à l’aller. Cent kilomètres au retour. Des embouteillages, des retenues, des feux.  Dans l’habitacle, des propos lassants à force d’être ressassés. Et puis, de longues minutes de silence.

Souverain, indifférent à ce qui se passait ici-bas, le ciel déroulait ses drapés baroques, d’argent et de lumière. C’était une journée spectaculaire, exceptionnelle. Je crois bien avoir dénombré vingt arcs, splendides, parfaits, tout le long du Jura.  Des cadeaux multicolores tombés des nuages, comme pour enchanter ces moments qui n’avaient rien d’enchanteur.

Enfin, nous sommes parvenus à ce bâtiment perdu, en rase campagne. Avec ses ascenseurs grinçants. Avec ses longs couloirs et cette odeur insupportable d’urine et de désinfectant entremêlés. Avec ses portes ouvertes sur des silhouettes rabougries, plissées au fond de lits trop vastes.

Et puis nous l’avons aperçue là, de dos, seule, assise, la tête penchée, les yeux fermés. Nous l’avons regardée dormir. Durant un long moment.
Je me rappelle m’être dit : aujourd’hui encore, elle se réveillera.

Cette journée, dans mon souvenir, restera estampillée comme celle des arcs-en-ciel inouïs, invraisemblables, consolatoires.  

2 commentaires:

  1. L'existence est faite de clair-obscur. Ces arcs-en-ciel si présents ce jour-là délivraient sans doute un message: "Courage et espoir". C'est aussi ce que je te souhaite, de tout coeur. Bises alpines neigeuses.

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  2. Oui, suis d'accord avec toi : courage, espoir et beauté, aussi.
    Neigeuses, tes bises alpines, déjà? Déjà, de la blancheur là-haut? La première neige a toujours quelque chose de magique...

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