mercredi 7 mars 2018

Lire : quand le printemps gèle




Le Libraire de Prague se déroule en 1968 et commence deux semaines avant l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, quand un vent de liberté souffle encore sur le régime communiste. Jonas Fink, le héros de la trilogie, a maintenant la trentaine et une amie vietnamienne, stagiaire en médecine. Il a repris la librairie Finkel. Sa mère délire dans un hôpital. Son ancienne petite amie Tatjana, journaliste, revient après douze ans pour couvrir les visites de Tito et de Ceauscescu. Malgré le dessin simple et coloré de Giardino, on sent monter les tensions et les secousses de l’Histoire. 
Envie de ralentir la lecture, de rester encore un peu avec les personnages, tout au  long de ce dernier et mélancolique volet.
Dans son introduction (quelques bribes autobiographiques), Giardino a écrit :

Je souffre depuis des années d'une légère claustrophobie; avec l'âge elle a diminué, mais n'a pas complètement disparu. Être enfermé entre des murs étroits me donne des crises d'angoisse et des difficultés à respirer. Je vois aujourd'hui que les "murs" se multiplient et que le vent d'espoir d'autrefois a cessé de souffler. J'avoue être un peu inquiet, mais je veux cependant clore ces lignes par un souhait. Le souhait qu'un jour, j'espère bien avant vingt-cinq ans, les faits me démentissent encore une fois et que les "murs" que je vois aujourd'hui s'élever dangereusement, soient tous abattus. Alors, enfin, je respirerai mieux.

4 commentaires:

  1. Les murs qui tombent? Que pense Trump de cela? Et tous les autres qui construisent des murs invisibles dans notre société?...il y en a tant. Bises alpines neigeuses.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, je crois que Giardino va souffrir de claustrophobie pendant encore un moment. Pour ma part, je réalise que je me tiens informée seulement par le téléjournal d'Arte (20mn au total). Parce que sinon, ce serait trop démoralisant. Entre temps, j'ai terminé la BD et je te conseille vivement de la lire (ainsi que les deux premières, mais je te préviens : ça ne finit pas très très bien). Belle après-midi, chère Dédé, et belles photos si tu pars en faire!

      Supprimer
  2. Il y avait un instant de l'histoire ou en occident on croyait que les murs étaient tombés. Le mur de Berlin, le mur entre l'est et l'ouest. Mais les maçons ont reconstruit d'autres murs, le murs en Israël, le mur entre l'Europe et le sud, le mur en devenir aux USA. Ces murs vont nous séparer et pas nous protéger, au nom de l'envahissement, comme d'habitude, c'est pas nouveau. Mais il y a aussi les murs intérieurs, en réponse aux craintes de l'autre et de ses croyances et les murs pour trouver le bouc émissaire de ce qui ne va pas bien, et donc le mur est toujours un mur de défense contre l'autre, l'étranger, et finalement il développe un repli sur soi au nom de la peur. L'ouverture est plus difficile...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'ouverture est plus difficile, en effet, et ce qui est paradoxal, c'est que les moyens de communication, de connexion n'ont jamais été aussi développés. Donc, plus on développe les moyens de rapprocher les êtres humains et plus on intensifie les moyens de neutraliser ces rapprochements. Tout se passe comme s'il y avait une fatalité du "mur" et ça, curieusement, indépendamment des niveaux de vie et du confort des sociétés. Ce que vous dites "Ces murs vont nous séparer et pas nous protéger" me semble juste. On croit se protéger et on ne fait que générer des séparations.

      Supprimer