samedi 26 septembre 2020

Vivre : changer

 


Les matins se suivent et les jours, imperceptiblement, changent. Les glands émettent sous nos pas des gémissements lacérants. Les feuilles crissent et se lamentent. On voudrait retourner au temps béni de l'été, quand on arrivait ici pour surprendre le soleil avant son lever. On idéalise. On aurait presque envie de s'apitoyer sur ce qu'on ne trouve plus. On se dit que c'était si bien : la lumière franche, la fraîcheur si bienveillante, les brassées de fleurs des champs, la perspective de longues baignades. On ressent une perte profonde au fond de soi. Et une sorte de désarroi.
(On oublie que rien ne se perd, jamais, sans qu'autre chose ne vienne à émerger. On oublie combien l'été est une saison harassante, avec ses envolées torrides, ses sueurs désespérantes, ses fatigues répétées et ses sollicitations incessantes. On oublie que l'été, on rêvait de l'apaisant automne. Bref, on fait l'expérience de ses névroses dans toute leur infinie créativité.)

8 commentaires:

  1. Je souris en te lisant !
    C'est toujours mieux avant… et vivement l'été prochain.
    On n'est jamais satisfait du maintenant !
    Et tu dis tout cela très bien et poétiquement.
    J'adore !

    Je souris parce que m'est remonté sans que je le veuille une vieille publicité, à la télé il y a bien des années. Ah ! Ces publicités qui s'imprègnent en nous et rejaillissent lorsqu'on ne s'y attend pas, sauf que j'ai oublié pour quel produit de consommation elle fut fabriquée.
    Une femme de ménage repasse le magnifique pantalon de Monsieur. Maladroite elle le brûle et on voit l'irrémédiable dégât de la trace du fer à repasser ! Évidemment ça râle ! Et la réplique de la femme dans un soupir désespéré :
    — « De toute façon Monsieur n'est jamais content ! »

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    1. Très drôle, ton histoire!
      Je tiens à préciser que je suis une névrosée assumée qui se soigne : moi, si on me brûle un joli pantalon, je pourrais y voir une occasion d'aller m'en acheter un autre, plus beau et plus élégant. Mais...les moments de transition sont un peu pénibles, même je sais qu'après arrivera la nouveauté, avec ses surprises, avec ses avantages, et ses douceurs. J'avais envie d'écrire sur ces moments de changement où l'on se fige dans le regret...
      Bon dimanche, Alain! Ici : pluvieux, voire tempétueux, voire enneigé.

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    2. C'est intéressant cette thématique sur les moments de transition plus ou moins pénibles.
      D'ailleurs elle transparaît çà et là dans tes textes.
      Tu éveilles en moi le souhait de regarder les miennes… de transitions… c'est vrai qu'il y a matière à observer.
      Alors merci
      (dans le Nord, un dimanche à géométrie variable : grosses pluies puis soleil, calme plat puis bourrasques… l'automne en quelque sorte !…)

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    3. Eh oui : on dit bien "négocier un virage, une transition, un changement". C'est bien la preuve que ce n'est pas facile, ni aisé, ni acquis. Il faut savoir perdre, pour savoir éventuellement gagner. On ne peut pas rester figé.
      "souviens-toi que rien n'est constant, si ce n'est le changement"... bien dit, encore faut-il savoir l'accepter, le changement...

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  2. Regarder la Nature
    levé le voile
    sur l'automne

    et sentir
    cet instant unique
    ensoleiller tout notre être


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    1. Oui, l'automne, avec ses brumes, et ses voiles, et sa lumière incomparable ensoleille notre être, et s'offre à notre regard émerveillé.

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  3. J'ai aimé l'été tout comme tu l'évoques si bien, Dad, mais l'entrée dans l'automne, je l'aime aussi. Je pense à ces soirées bien au chaud auprès du feu, j'aime l'odeur du bois qui se consume dans le poêle, j'aime la nuit qui tombe de bonne heure. C'est une toute autre ambiance mais chacune a son charme.
    Belle soirée à toi, Dad.

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    1. Oh moi aussi, j'aime l'automne et ses douceurs, et ses plaisirs incomparables (l'odeur du feu de bois dans les maisons, dans les ruelles des villages est une de mes odeurs préférées: Et puis : se mettre au lit tôt, avec un bon polar...) Je voulais écrire ici sur la transition, les moments du changement, car je ne crois pas que nous passions de l'un à l'autre sans regret, ce sont de petits deuils, les minuscules deuils de la vie, qui nous apprennent peut-être à vivre les grands.
      Bon dimanche et toute belle journée (près de la cheminée ?)

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