jeudi 3 septembre 2020

Vivre : intériorités


Portrait de Guillaume de Montmorency / Anonyme / MBA / Lyon

Il dit d'un air presque contrit : je suis un peu introverti. Dans un monde de clinquant, un monde de bruits et d'apparences, cultiver ses intérêts, garder précieusement ses secrets, se forger des jugements personnels, ne pas provoquer, ne pas suivre, ne pas s'égosiller, certes, ce n'est pas dans la mouvance. Dans les restaurants, les fêtes, les rassemblements, il est de bon ton de savoir imposer son opinion (le plus souvent issue d'emprunts). Les gens ont sans doute terriblement besoin d'entendre des certitudes clamées haut et fort pour se rassurer.
Il dit d'un air presque contrit : je suis un peu introverti. C'est dans l'air du temps : a-t-on déjà entendu quelqu'un dire en ayant l'air de s'excuser : je suis un peu extraverti ? Comment lui expliquer la valeur de ce qu'il est ? L'importance des gens comme lui ? Je me suis contentée de lui adresser ce lien, juste pour l'encourager : Susan Cain en train d'expliquer le pouvoir des introvertis.

...même en ce qui concerne des choses apparemment personnelles et viscérales, comme ce qui vous attire, vous allez commencer à singer les croyances des gens autour de vous. Sans même vous rendre compte de ce que vous faites. Et on sait bien que les gens suivent les opinions de la personne dominante la plus charismatique de la salle, même si la corrélation est nulle entre être celui qui parle le mieux et celui qui a les meilleures idées...

Thank you, Susan, tout est dit et bien dit.

4 commentaires:

  1. Oh oui! Thank you Susan Cain (que je vais m'empresser de lire) et merci à vous.
    Belle journée.

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    1. Je dois dire que je n'ai pas eu l'occasion de la lire, même si elle a été traduite en français depuis l'enregistrement du TED. Mais je l'ai trouvée si juste, si pleine d'humour, dans sa manière de raconter. Un bon recadrage de nos manières d'évaluer les gens en société : Tellement de gens discrets qui se dévalorisent (et qu'on dévalorise) parce qu'ils ne se mettent pas en avant (n'en éprouvent ni l'envie ni le besoin). Belle soirée.

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  2. Les silencieux, les observateurs, ceux qui réfléchissent, ceux qui n’aiment pas, mais alors pas du tout, cette manière de se mettre toujours en avant, ce besoin d’attirer les regards, de jouer à l’Alpha, sont des personnes précieuses. Ils n’aiment pas jouer au leader, n’aiment être leader et ne le seront jamais, la multitude ne leur court pas après. Et pourtant, ce sont souvent eux qui analysent avec justesse, n’en déplaise à d’autres. La force du silence, la force de la réflexion. En avons-nous peur ? En avons-nous peur dans un monde d’images, de selfies dans lesquels il faut toujours être au centre ?

    Gaspard

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    1. Je ne sais pas s'il y a bcp de "purs" introvertis ou de "purs" extravertis. Probablement que la majorité d'entre nous oscille d'une tendance à une autre. Mais il est vrai que dans une société de paraître et de mises en valeurs sous toutes formes, les seconds ont plus de chance de briller et d'avoir du succès. Est-ce que les silencieux, les réfléchis font peur ? Peut-être bien que oui. Ils dérangent peut-être, comme tout ce qui ne suit pas le mouvement, ils pourraient remettre en question des manières d'être. Et beaucoup de gens n'apprécient pas vraiment d'être remis en question...

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