L'ancienne église des Célestins était si paisible. On y était si bien. En dialogue avec les pierres. Ou avec soi-même. On avançait tout prudemment, un pas devant l'autre, veillant à ne pas déranger les œuvres contemporaines qui s'y trouvaient. Des œuvres qui m'avaient laissée parfaitement insensible - il y a des moments comme ça - si insensible que je n'ai nullement tenté de les immortaliser. Je les esquivais donc, du corps et du regard, préférant m'intéresser aux multiples nuances de gris qui se révélaient dans l'espace.
Le gris, ce jour-là, s'était révélé ma couleur de prédilection. Que de nuances, que d'harmonie! Que d'invites à la contemplation ! A l'entrée, un homme martelait un discours désespéré devant la gardienne des lieux, une belle personne toute en subtilité. Il répétait qu'il avait été injustement traité, que la vie l'avait malmené, plus de logement, plus de famille, plus d'enfants. Il était malheureux à en crever. La femme lumineuse relançait en douceur, avec des propos encourageants, il allait s'en sortir, il allait s'en sortir, c'était certain. Les aides promises. Le printemps. Finalement, elle s'était dirigée vers la petite loge à droite de la porte, avait plongé la main dans sa besace, en avait sorti une pièce, en répétant : "Le printemps".
L'homme soudain silencieux avait tendu la main, avait empoché la pièce, puis s'en était allé, rasséréné, rejoindre le printemps, justement. Et les pierres avaient continué de se montrer merveilleusement bises et d'inviter les visiteurs au recueillement.
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