Là-bas, les animaux semblaient revêtir un rôle primordial et se soucier de leurs humains avec une indéfectible humanité. Il y avait ces bêtes qui dormaient paisiblement en travers des plus bruyants trottoirs, couchés sur tout ce que leur maître pouvait posséder, remuant à peine une oreille quand des piécettes tombaient.
(Ce garçon allongé le long de la chaussée, les cheveux décolorés en jaune paille, quelques traces de larmes sillonnant ses joues rose pâle, yeux fermés, assoupi sans doute, avec sur son ventre un minuscule chaton blanc, lequel semblait décidé à rester jouer les sphinx impénétrables tout en veillant sur ses rêves torturés)
(Ces chiens majestueux qui contrôlaient le seuil de leur boutique attitrée, gardiens de temples indous ou de boucheries halal, polyglottes présences aux compétences sans pareil)
(Cette fille rêveuse, hagarde, ramenée avec assurance chez elle par son élégant clébard et ce
vieil homme que ses deux compagnons tout aussi âgés baladaient fermement le matin et
le soir louvoyant entre les détritus oubliés.)
Il y avait de la noblesse dans ces attitudes, une protection phénoménale, des alliances à la vie à la mort que rien n'aurait su briser Il y avait des solitudes immenses dans la nuit qui tombait, qu'un museau agile, un regard humide savaient être en mesure de combler.
Et puis, naturellement, à l'entrée du musée archéologique, ces tortues hiératiques, tels des molosses grecs ou des félins égyptiens, qui accomplissaient leurs ronde dans le bassin et plongeaient, flottaient et reprenaient la pose exactement comme les pierres qu'elles protégeaient.
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