Le phénomène du voisin gonflable, vous connaissez ? Bien plus qu'une image, il s'agit d'un phénomène économique démontré.En quoi cela consiste-t-il ? "Dans un quartier où il existe des inégalités, les moins riches ont tendance à acquérir des actifs ostentatoires (auto, piscine, rénovations, etc) pour démontrer qu'ils suivent la cadence imposée par les mieux nantis. Mais ils le font souvent à crédit, d'où la hausse du nombre de faillites". En d'autres mots, on peut réduire nos dépenses liées à notre hypothèque ou loyer, mais le comportement de nos voisins peut influencer nos dépenses à la hausse. [p.115]
Mon amie A. habite depuis près de 30 ans dans un quartier de Bâle en train de se gentrifier (pour parler en bon français). Au début, il s'agissait d'une douzaine de logements, sertis de petits jardins et disposés en U au fond d'une sympathique venelle, où des familles de la classe moyenne, des enseignants, des infirmières s'étaient installés pour vivre de manière décontractée et échanger des biens et des services en bonne intelligence. Au fil du temps, par le jeu des divorces et des départs à la retraite le quartier - et cet ensemble en particulier - a vu se modifier les caractéristiques de ses habitants.
Devant les lotissements, là où certains disposaient il y a encore dix ans leurs vélos et chariots, sont à présent parqués (à l'étroit) deux SUV. On a fait appel à des horticulteurs zen pour entretenir les minuscules terrains et les façades ont été ravalées avec des matériaux innovants, histoire de montrer qu'on a les moyens même si on ne peut pas se payer une villa individuelle avec piscine et solarium. A. en a marre de tout ce bouillonnement, de tous ces gens qui ne se parlent plus et dont les enfants ne se retrouvent plus pour jouer en toute sécurité devant les maisons. Avec quelques voisins de la "première génération", elle a décidé d'entrer en résistance : elle continue de cultiver la biodiversité de son petit lopin et d'aller faire ses courses à vélo (en profitant pour ramener du pain chez la grand-mère du numéro un).
C'est A. qui m'a parlé de Vicky Payeur et de son blog (pardon : blogue!). Elle m'a passé ce bouquin sans prétention qui vise à mettre un frein à la spirale de la surconsommation. L'autrice est canadienne et dans son pays le phénomène de l'endettement à outrance fait des ravages et noircit l'avenir de bon nombre de travailleurs. "Vous êtes plus riches que vous le pensez!" affirme la quatrième de couverture. Ça, c'est une évidence et cet opuscule présente de nombreux conseils pour ne pas se laisser enfermer dans le jeu des apparences (souvent trompeuses et toujours tyranniques).
Rien de nouveau sous le soleil, précisons-le, mais on peut glaner ça et là quelques trucs pour mieux consommer, c'est-à-dire tenir les rennes de sa gestion financière (et qui dit maitriser son argent dit maitriser son énergie tout court).
A côté de nos voisins, on ne veut pas être celui qui a moins de choses ou celui qui semble ne pas avoir les moyens financiers de suivre le groupe. Donc, on a tendance à faire certains achats, même si on n'en a pas réellement besoin, uniquement pour bien paraître. Ah! La pression sociale! [p.115]
Dans un monde de comparaisons, d'influenceurs/euses censés nous pousser à suivre la cadence, à élever nos piles de choses à voir/faire/lire/expérimenter, une démarche comme celle de Vicky Payeur est bonne à prendre. Car dans le fond, comme l'affirme A., c'est à nous et à nous seuls de déterminer qui est le maître à bord de notre existence.
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