mercredi 12 juillet 2023

Vivre : sortir du terrier

 

De pâles rayons nous réveillent, accompagnés du tout premier chant. Si, contrairement à bien des gens, nous ne haïssons pas les coqs c'est que nous sommes déjà sur pattes et pieds quand ils se mettent à ténoriser.
 
 
Aux aurores, le lac nous aimante. Sur la plage, les fêtards viennent à peine de s'endormir. Pas encore de baigneurs, de promeneurs, de joggeurs. Au loin, un paddleur évolue avec la grâce d'un gondolier. Au mitan de la baie, un pêcheur s'apprête à ramener ses filets.

 
Nous parcourons les sentiers en connaisseurs. Ces rives sont les nôtres (nous nous berçons d'illusions : des milliers de canards ont la même impression). Nous les suivons avec des mouvements empreints de lenteur et de concentration. Pas question d'affoler les fuligules, les nettes, d'effrayer les poules d'eau ou les colverts. Ils sont censés nous considérer comme deux des leurs en cette heure particulière.
 

C'est qu'il n'est pas un arbre, un détail, une souche qui nous soit inconnue. Nous les avons humés en toute saison, observés en toute circonstance, arpentés à toute température. Nous les couvons d'un regard soucieux et protecteur. Des liens souterrains nous chevillent plus fort que tenons et mortaises. Pour un peu nous nous croirions sur nos terres.
 

A l'instant où certains commencent à beurrer leurs tartines, nous achevons cette première balade de la journée, dégoulinants, épuisés. Pour un peu, nous serions prêts à nous recoucher. Nous préférons nous affaler, Mister P. sur sa couette et moi dans mon fauteuil, l'un et l'autre absorbés par la noble activité du rien-faire en toute majesté.


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