mardi 8 mai 2018

Lire : avoir du "goût" pour tout

Banksy, MOCO, Amsterdam


Ces deux-ci parce qu'ils sont délectables :

... utiliser en son for intérieur les jugements féroces et les raccourcis savoureux de sa grand-mère : une fière sale, un grand bredin, un ahuri, une cancanière, un ramenard, un bouffe-tout-cru, une va-t-en-guerre, un gros plein de soupe, une virago, un drôle d'outil, un qui pète plus haut qu'il n'a le derrière, un imbécile heureux, une drôlesse, un mauvais bougre, un petit botte-à-cul, une qui se croit, un vieux dragon, un grand dépendeur d'andouilles, une pie-grièche, une tête à claques, un cou d'agryon, une marie couche-toi-là, un faux-jeton, une mijaurée, un sans-le-sou, un bayeur aux corneilles, un qui traîne ses guêtres, qui témoignent de ses idées morales et de sa conception du genre!

... avoir déjeuné chez François et Marie Friteyre à l'Espinasse en Livradois d'excellente charcuterie maison puis d'une potée auvergnate au lard avec  tous ses légumes puis de pigeons aux petits pois puis d'un civet de lièvre ("una lebre que je connais", disait le cousin qui  l'avait piégé), pui d'un rôti de veau "du boucher" accompagné de petites pommes de terre rondes sautées à l'huile de noix et de gros haricots blancs de Soissons puis de salade puis de fromages de chèvre maison puis de poires au vin avec des biscuits puis d'une tarte aux pommes (ouf!) avec café et gnôle du coin, exténuement et ravissement garantis...

Et le petit dernier, un de mes préférés (parce que j’imagine si bien la scène) :

... avoir demandé son chemin un soir pluvieux d’hiver à la sortie du métro Censier-Daubenton à un groupe de trois punks, coiffure à l’iroquoise et Doc Martens, chahutant à l’abri d’une porte, et avoir été raccompagnée par trois jeunes gens prévenants jusqu’à l’entrée du square Vermenouze : « Mais si, vous n’auriez pas trouvé toute seule, et puis, on ne sait jamais...

Françoise Héritier, Le Sel de la vie, éd. Odile Jacob, 2012, p. 58, 62 et 79

2 commentaires:

  1. :-)) Moi j'aime bien les gros plein de soupe. Sauf erreur, une belle insulte reprise par mon ami le capitaine Haddock.
    Lundi en demi-teinte... malaise vagal... trop de stress. Bisous ma Dad.

    RépondreSupprimer
  2. Courage, ma belle. Les malaises vagaux sont pénibles à vivre et surtout inquiétants (heureusement, plus inquiétants que graves). Le stress, oui, le stress des débuts est dur à gérer. Je pense fort à toi. Je sais tes ressources. Et heureusement, que le soir tu peux remonter prendre l'air de la montagne, bien accompagnée. Bises et soutien:-) Dad

    RépondreSupprimer