Spring / Harald Slott-Moller / Hirsprung collection / Copenhague
Le bleu fervent des bleuets dans le blé, les vaches repues qui paissent dans
les prés, la nature dans son infinie générosité : juin, le mois divin,
le mois des renaissances, est arrivé.
A l'autre bout d'un champ, un chevreuil immense s'est dressé et nous fait face. Il se tient droit, nous contemple, ne nous lâche pas. Il a compris qu'ici, le souverain, c'est lui. Imperturbable, il nous dit : ce lieu est à vous, je vous le prête, mais il est aussi à moi, il est à tous les êtres qui sont là. Le noble cheval hennit. Le veau minuscule, si frais, si démuni, vagit. On s'arrête devant une caravane de fourmis. On pense aux terreurs du monde, on frémit. On lève le regard vers le busard qui décrit de folles arabesques dans l'air azurin. On se dit que la vraie vie, c'est pas la folie, c'est ici. On se sent grands, à se découvrir si petits.
« La nature dans son infinie générosité ». Voilà probablement ce qui s'offre à nos regards en juin. L'explosion gratuite et la réjouissance féconde.
RépondreSupprimerEncore faut-il entrer en contact avec elle. Je ne pense pas ici à celles et ceux qui sont enfermés dans les villes, où le contact se réduit à une ou deux plantes d'appartement. En prendre grand soin c'est la manière de rendre hommage au don qu'elles nous font en acceptant de vivre enfermées chez nous.
Je pensais à ceux qui sont « enfermés dehors » et ne voient même plus la profusion généreuse de la vie naturelle. Je fus de ceux là, embarqué dans le tourbillon professionnel incessant, roulant de rendez-vous en rendez-vous. Et le soir la fuite dans la télé ou un bouquin.
Ton regard intense que tu nous renouvelles fréquemment est à l'opposé. Apprendre à regarder cette nature et se laisser pénétrer par elle… j'oserais presque dire… jusqu'à la jouissance.
Osez, osez, mon ami. Il s'agit de jouir de la nature, comme on jouit de la vie.
SupprimerPlus je vis dans la nature, et moins je deviens blasée. Quand on y pense, c'est incroyable ce qu'elle peut donner, donner et encore donner. Comme le disait K. Gibran, "Vous dites souvent : "Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent".
Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages.Ils donnent de sorte qu'ils puissent vivre, car pour eux, retenir est périr. " Au contact de la nature, on apprend la reconnaissance et le fait de faire circuler les biens (bon, il y aura toujours ceux qui découvrant un mûrier, au lieu de se servir et d'en prendre une poignée, saccagent tout le buisson pour tout emporter).
"regard intense" est le cadeau de cette journée. Belle soirée.