samedi 25 mai 2024

Voyager : l'amitié, si lente à mûrir, et la vie si rapide...

 
Terrasse / Crypte Gaudì / Colonia Güell / Santa Coloma de Cervello
 
Quelques jours avant le départ, j'ai été prise d'un étrange malaise. Tout me coûtait. L'énergie me manquait. Le soir précédant j'ai commencé à jeter des regards SOS aux parois de ma maison, au pelage réconfortant du chien. Je n'avais plus envie. Qu'est-ce qui m'avait pris ? Pourquoi avoir décidé de retourner là-bas ? Au matin, au réveil, une superbe migraine s'était emparée de mon crâne. Mi-graine / mi-freine. Tangage entre départ et dépars-toi. J'ai dû me pousser, surmonter la crainte de ce que j'allais retrouver.
Il y avait le prétexte officiel au voyage, ce livre sur le deuil, son vernissage. Comme une boîte de Pandore, je craignais que trop de souvenirs ne s'échappent de ce petit ouvrage. Il y a des retrouvailles qui font parfois trop d'entailles, qui cisaillent la mémoire. Quelque chose au fond de mes tripes avait  peur d'un coup de poignard.
En quarante ans d'amitié, tant de choses perdues, tant d'espoirs, tant d'idéals. Tant de maisons construites et abandonnées. Tant de maisons perdues et restaurées. Tant d'alliances, tant de mariages, tant de paysages. Tant de compagnonnages.  Et les enfants aussi. Les enfants partis trop tôt sont des pierres qui s'incrustent dans nos souliers, lacèrent nos pieds, nous empêchent d'avancer.
Mais j'avais oublié le pouvoir de l'amitié. Sur l'immense avenue de l'aéroport fou aux extensions tentaculaires, j'ai serré M. dans mes bras comme je l'ai fait tant et tant de fois et comme tant et tant de fois notre dialogue a recommencé. Comme si de rien, comme si la connexion était la chose la plus naturelle, la plus évidente au monde. Comme si c'était la première fois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire