Nature morte à la tourte entamée / Pieter Claesz / MBAA / Besançon
J'ai raté mon gâteau. Bien cramé à l'extérieur, il lui manque la blondeur appétissante de certaines sorties pleines de panache. Une cerise, là, tombée où il ne fallait pas, forme une tache noire sur le biscuit. De plus, tout au milieu, à l'intérieur, la pâte est restée liquide, elle n'a pas pris. J'ai raté mon gâteau, évidemment. Et pourtant, en mordant dedans, en avalant une, puis deux bouchées, j'ai du plaisir à déguster. Je savoure les noisettes, et les myrtilles, et les tronçons de rhubarbe rougie, et ce petit arrière-goût de vanille. J'ai raté mon dessert, c'est sûr, mais rater, n'est-ce pas le prix à payer pour tenter sans recette, pour se lancer sans mode d'emploi, pour mettre au point une pâtisserie qui change de l'ordinaire ?
L'espace d'un instant, dépitée, j'avais oublié combien il est plus aisé de réussir quand on s'efforce de suivre à la lettre, point par point, les dosages et les instructions fournis, quand on se plie et qu'on suit.
Le prochain gâteau sera sans doute un peu moins raté. En attendant les prochaines expériences, celui-ci sera mangé, jusqu'à la dernière tranche. Les avis divergent, mais chacun s'accorde sur un point : les choses peuvent être tout à la fois ratées, moches et douces au palais.
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