Auf Papier festgehalten_ Augen / Sonja Gangl / Musée Albertina / Vienne
La femme se plaint régulièrement d'un fastidieux problème oculaire : ses yeux secs rougissent, lui causent des démangeaisons, elle se frotte, voudrait expulser définitivement les maints corps étrangers qui semblent s'être introduits sous ses cils, et à la fin, éprouvée, elle finit toujours, pour obtenir quelques gouttes salvatrices, par courir consulter.
Contrairement à la femme, je vis un phénomène inverse depuis quelque temps : il m'arrive de me pencher et de relever la tête avec l'impression d'un surplus de liquide sous mes paupières. Rien de grave. Il n'en demeure pas moins étrange que, me courbant pour un motif futile, et n'éprouvant alors aucun sentiment particulier, les larmes qui surgissent font remonter en moi une tristesse inexpliquée.
Ce n'est pas l'émotion qui me rend triste à pleurer. Ce sont mes yeux humides qui charrient de la peine. L'expérience n'est pas destinée à durer. Et le chagrin, fugitif volatile, s'évapore entre mes cils incrédules.
La peine en nous possède bien des manières de s'exprimer, surtout lorsqu'elle s'est accumulée à notre insu et contre notre volonté, déjouant le désir d'attente de ne plus en avoir.
RépondreSupprimerPhénomène curieux, on le constate parfois dans un cabinet de consultation. La personne s'exprime, le sujet abordé n'est pas triste, ni douloureux, ni exalté. En apparence tout semble « commun »… en apparence… et puis tout à coup des larmes coulent plus ou moins abondantes et ce n'est pas un chagrin soudain.
Tout le corps charrie de la peine contenue. Elle trouve en cet instant moyen de s'exprimer.
Ce que tu dis me fait réfléchir... je crois que le phénomène est arrivé depuis... le 24 février... ce que l'Homme fait à la Terre et à ses enfants me remplit et remplit mes yeux de tristesse... comment a-t-on pu en arriver là ? c'est sans doute ce que dit le corps intuitif et intelligent... toute belle journée à toi.
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