vendredi 18 août 2023

Vivre : battre son plein

 

 
Arrivent toujours au cœur de l'été quelques journées de pause infinie. Tout s'arrête, tout semble suspendu. Le silence s'empare de la campagne. Il y a ceux qui sont partis, ceux qui ne sont pas encore revenus, ceux qui se terrent en attendant des heures meilleures. Sur un chemin, un enfant lance un cri (ou est-ce une buse qui gémit ?). Un chevreuil somptueux longe au loin un pré, présence beige qui se fige, curieuse. On le scrute, heureuse, incrédule, mais... il suffit d'un battement de cil et le voilà évaporé. On croit avoir rêvé. Dans la lenteur de ces après-midi inondées de moiteur et harcelées par le vent, des feuillages bruissent, des pensées surgissent, voltigent, se liquéfient. On voudrait aligner des axes, des projets, des cohérences. On ne récolte que sensations, soupirs, réminiscences.
Les arbres ça et là rougissent. Quoi ? déjà l'automne et ses cargaisons de rouille ? Tiens donc! L'automne nous enverrait dès à présent ses avant-courriers ? On avait oublié que chaque saison abrite en son apogée l'essence de la suivante, que tout n'est que manège destiné à tourner. Alors sillonnant ces journées privilégiées, se sentir vivre, se sentir respirer, se sentir feuille, et chevreuil et aigle qui s'élance, tournoie, gravite autour d'une invisible étoile. Sentir alors en soi des soleils palpiter. 

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