Collegiata di Sant'Andrea / Savigliano
Béni soit l'inventeur de la lumière - et de l'ombre aussi. Dans les ruelles délavées par le soleil, dans la torpeur des villes alanguies, écrasées d'attente et de soupirs - lenteurs provinciales, paresses estivales, larmes d'enfant puni - loin des foules et de leurs exigences, loin des vociférations et des tiraillements arrogants, nous avons suivi des trajectoires silencieuses, croisé les gens oubliés par le progrès (ou qui s'efforçaient d'oublier celui-ci).
Certains
lieux, comme certains mots ou certains parfums, semblent faits pour
consolider notre mémoire. Nous avons laissé ces lieux nous parler. Nous
nous sommes approchés pour les écouter. Tout au fond de cours vétustes, rétives à toute forme d'innovation, nous avons entendu des chats s'égosiller, des grillons grésiller et des tourterelles batifoler.
Dans un jardin immense, un parc défraîchi, pendant une très longue après-midi,nous sommes laissés bercer par un arbre non identifié, qui paraissait soucieux de nous rasséréner. Parfois, un jardinier passait, traînant des pieds, nous proposant des coussins et de quoi nous désaltérer. Dans cet hortus conclusus, protégés, bercés, nous nous sommes assoupis, parmi les battements d'ailes et les frémissements de divers volatiles.
Le soir, tandis que la flamboyante lumière refusait de céder, nous nous sommes attablés dans des salles pourpres aux chaises brinquebalantes qui devaient remonter aux dernières décennies du siècle passé. Une fille distraite avec une exquise jupe damassée nous a servis. Sa collègue aux stricts pantalons noirs la suivait pour rectifier le tir. C'était un lieu où tout se faisait dans l'à-peu-près, où tout détail se discutait et où finalement la plupart des choses s'improvisaient. Nous n'avions cure de ces embrouillaminis du moment que cet univers recevait royalement les chiens, que nous étions au cœur de tout, joignables par rien et que le Pelaverga - blanc ou rouge - nous invitait à des lendemains sereins.
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