jeudi 19 janvier 2017

Vivre : les mots miroir


G. Bellini / Jeune femme à sa toilette / KHM / Wien

A mesure que le temps passe, je retiens des gens qui ont traversé ma vie une seule phrase qu’ils ont prononcée. Leur visage se fait flou, les traits s’estompent, mais la phrase reste, souvent plus marquante que la personne en question.

Mon premier chef : « Méfiez-vous de votre première impression : c’est souvent la bonne »
Un collègue qui se prénommait Michel : « C’est tellement plus beau quand c’est inutile »
Un autre, qui n’était au demeurant vraiment pas marrant : « Il faut aller des choses qu’on voit et qui n’existent pas aux choses qui existent et qu’on ne voit pas. »
Un agent immobilier en Italie : « Comprare una casa, significa iniziare una nuova vita (Acheter une maison signifie commencer une nouvelle vie) »
A., un auditeur à l’université : «Quoi que tu fasses dans la vie, balayer les rues, diriger ou soigner des gens, quoi que tu fasses, fais-le bien. »
Le Pr Th. dans son cours d'introduction à l'art contemporain : « Exposer, c'est s'exposer»
Le Dr M., homéopathe : « Debout, face au soleil, ou couché dans la boue, un être humain reste toujours fondamentalement ce qu’il est. »
Madamoiselle de M., une sacré peau de vache, à propos de mandats de curatelle que nous devions assumer: « Souvenez-vous : qui peut le plus peut le moins. »

Et puis, il y avait cette jeune femme, qui aimait citer cette phrase, trouvée dans un livre de Thérèse Bertherat : « Être, c’est ne jamais cesser de naître. », je me demande ce qu’elle a bien pu devenir, cette jeune femme-là ?

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