Amazone moribonde sur cheval (détail)/ coll. Farnese //Museo nazionale archeologico / Napoli
A
20 heures 25, on entend les derniers pépiements, ça et là, un peu las.
Nos plus proches voisins échangent encore quelques politesses, mais à
mi-voix. Pas une étoile qui luise encore, pas un nuage niché où que ce soit.
Un dernier cri, un piaillement. On croirait
un dortoir de colonie, des moqueries entre deux passages du surveillant.
Le
Jura s'est paré d'ocre, comme braqué par une lampe torche. Quelque part
le soleil résiste, persiste et l'heure bleue deviendrait presque verte, tandis qu'il s'oppose à la nuit. Le lac se fait minéral, il scintille.
Accompagnant
le train de 20 heures 30, celui qui est toujours vide, parce que les
gens sont déjà rentrés, harassés, et qu'il n'y a plus aucun fêtard qui
songe à l'emprunter, l'ombre s'est infiltrée dans le village. C'est l'heure
Magritte, l'heure des étranges carrés enluminés, encastrés bien alignés
dans les découpes des maisons. L'heure des arbres rampant comme des
araignées pour rejoindre l'horizon L'heure des bascules, quand le chien se fait
loup, quand hulule le hibou. C'est l'heure du silence qui s'installe
dans l'attente des nouvelles qui ne seront jamais belles. L'heure des
craintes qui montent et des renards qui descendent.
C'est l'heure - vraiment - d'aller à l'interrupteur. Il est temps que la cuisine s'anime et retrouve ses couleurs.
Un bien joli texte ou tu nous berces de ton talent évocateur.
RépondreSupprimerPour quelques instants me voici au bord du lac…
Merci. Bon vendredi, saint ou pas, férié ou pas, à toi!
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