mardi 12 septembre 2023

Regarder : et tant d'objets volants à identifier...

 
Mes dessins ressemblent à des dessins d'humour. Mais ils ne sont pas faits pour faire rire. 
 
animation : Jean-Michel Folon / musique : Michel Colombier

Folon, pour moi, a représenté pendant longtemps ces images diffusées sur Antenne2 : les hommes-oiseaux en bleu qui arrivaient pour ouvrir les programmes et puis qui planaient et venaient vous dire en couleur au revoir, peut-être vous souhaiter une bonne nuit. André Jullian avait commandé ces deux bijoux en 1975 à l'artiste dessinateur lors de la création de la chaîne. Tous les téléspectateurs ont pu les voir jusqu'en 1983. Ah! Douce mélancolie charriée par ces moments-culte retrouvés...
 
 

Et puis, il a aussi eu ce film sorti en 1981, que je n'ai vu qu'une seule fois, mais que je n'ai jamais oublié, L'Amour nu, de Yannik Bellon, avec Marlène Jobert comme protagoniste et Folon qui lui donnait la réplique. Dans cette histoire racontant la sidération d'une jeune femme confrontée à l'annonce de son cancer, il campe un compagnon sensible et présent, rejeté dans un premier temps, mais prêt à faire la traversée avec elle. Il est parfait dans ce rôle d'océanographe fasciné par le chant des baleines, rêveur mais déterminé à garder sa main dans la sienne.



L'exposition sur Jean-Michel Folon présentée en ce moment à la Saline Royale, d'Arc-et-Senans, au premier étage de la maison du directeur, révèle bien plus que cela. Elle permet de découvrir ce créateur éclectique sous de multiples facettes : le dessinateur, l'antimilitariste, le militant engagé (en faveur d'Amnesty, de l'écologie, entre autres), le bricoleur, l'artiste admiré par Fellini et Woody Allen, l'intellectuel préoccupé par les effets du "progrès" sur nos existences (et ce dans les années 1960 déjà).
 

J'avais gardé le souvenir d'un univers de rêverie, de mondes flottants, d'invitations à la douceur et à la tendresse. Je n'avais pas imaginé un être aussi préoccupé par la politique, l'environnement, la solidarité et "le péril froid de notre devenir". Bref, l'exposition m'a frappée par son absolue modernité. Que pourrait-on dire de plus aujourd'hui ? Que pourrait-on dessiner d'autre ? Quel miroir différent proposer au genre humain ? 
 

 

Je ne suis ni contre la ville, ni contre la voiture, ni contre la télévision. 
Ce qui ne va pas c'est qu'on devienne prisonnier de nos inventions.
 
 
Les villes que j'invente ne seront heureusement jamais construites.
Elles sont le reflet de ma peur devant les villes de demain.

Quelques termes ont sans doute changé, l'IA, les GAFAM et les réseaux sociaux, la mondialisation, le télétravail, le burn out et les drames liés aux migrations, mais dans l'ensemble les problématiques restent fondamentalement les mêmes. Près d'un demi-siècle a passé, et le monde de Folon ne cesse d'interpeler.


Le monde de Folon / 05.05.2023 - 19.11.2023
(les citations en bleu font partie de l'exposition)


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