mercredi 13 septembre 2023

Vivre : petits échanges et grandes activités

 
La récolte des fruits (Gémeau qui s'accroche au poirier) / Le maître des Mois / Museo della Cattedrale / Ferrara
 
Ces dernières semaines, mon vocabulaire s'est enrichi d'un verbe : pruneauter. Quand il me demande : qu'as-tu l'intention de faire aujourd'hui ? Je réponds un jour sur deux : je vais pruneauter. C'est devenu mon activité principale, ma plus grande préoccupation, mon objectif obstiné. Je pruneaute. Ce qui signifie : aller ramasser un max de pruneaux, toujours plus loin, toujours plus haut; rentrer et trier, entre ce qui peut être consommé, ce qui doit impérativement être congelé et ce qui peut finir en confiture (j'ai découvert les vertus de la badiane pour agrémenter sa saveur fruitée); sans compter ce qui peut être converti en gâteaux ou en tartes (mes préférées). Mais cela ne constitue qu'une partie du job : pruneauter implique aussi le fait de réseauter. Proposer un sac au livreur, un kilo au facteur, un panier à la minuscule voisine végane qui en fera son dîner. 
On pourrait trouver cette activité fort sympathique, mais elle comporte quelques effets pervers. Dans la ronde du réseautage, les gens concernés ont à cœur d'échanger. Ainsi, R. se retrouve un jour sur deux en alternance dans l'obligation de tomater. Une multitude de recettes à base de ce fruit se succèdent à notre table et il s'agit de les cuisiner. 
Une question à présent commence à me tarauder : qu'allons-nous faire quand cette saison sera terminée ? N'allons-nous pas nous sentir vides, privés de projets ? Pas forcément : la dog-sitter nous a remis l'autre jour une courge transgénique, aux dimensions insensées. Allons-nous devoir nous mettre bientôt à... courger ? Peut-être. Heureusement que ce n'est pas la saison, parce qu'une seule chose m'importunerait vraiment : j'aurais une sainte horreur de devoir poireauter. 

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