lundi 8 janvier 2024

Vivre : s'envoler ailleurs


 

 
Là-bas, il y avait trois petites villes, chacune avec son caractère : la première destinée à nous distraire, la deuxième à nous rassasier, la troisième à nous enchanter. Cette dernière, quasiment un bourg, nous transportait hors du temps, dans des scènes vides où nous réalisions combien de trop-pleins nous devions constamment traverser. En fin d'après-midi, nous déambulions à travers les rues semi-désertes, pas un chat, un ou deux promeneurs de chiens, des devantures fermées, de timides échoppes aux contenus démodés, une absence de bruits, d'offres, de stimulis. Nous passions devant des palais silencieux, toutes sortes d'églises à l'élégance racée, des rues tracées depuis des siècles par des urbanistes épris de rectitude, ignorant la frivolité. 
 
 
La nuit, quand nous rentrions de nos délectables virées, à chaque extrémité de l'artère médiane, les deux arcs monumentaux dominaient un large ruban scintillant. On se serait crus à Broadway, un Broadway conçu au dix-septième siècle, brillant à grand renfort de lumignons, de projections, d'illuminations dont apparemment nous étions les seuls destinataires - sauf une ou deux silhouettes furtives et quelques chats solitaires. 


Un matin, j'ai reçu un message de Thaïlande. Dehors des étourneaux exécutaient leurs voltiges, on aurait dit un banc de poissons argentés évoluant dans des eaux tropicales. Je me suis demandé qui, de moi ou de l'émetteur, avait su le mieux trouver à s'évader, loin des routines et des mondanités.

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