jeudi 4 janvier 2024

Vivre / voyager : savoir partir

 

Les veilles de départ sont toujours - ou presque toujours - les mêmes. Je peux me réjouir avant, parfois bien avant, en réservant. Je peux me réjouir pendant et aussi en rentrant. Mais quand tombe le soir précédant, quelque chose soudain me retient. Je lance des regards langoureux à la maison, comme si un long exil m'attendait, comme si c'était le dernier soir, et, si le chien ne vient pas avec nous, je le regarde avec une affreuse sensation d'abandon : que pourrait-il lui arriver ? et que lui arriverait-il si on ne pouvait pas rentrer ? Tout se fait lourd et compliqué. Les sites météo ne deviennent plus du tout fiables. Je ne sais plus quoi emporter et c'est souvent au moment du coucher que je parviens à introduire quelques affaires dans mon sac. Je me glisse entre mes draps avec le sentiment d'une catastrophe possible, d'inondations terribles, de problèmes insolubles.
Les matins de départ sont toujours les mêmes : gestes surs, rassemblement des bagages, thermos de café chaud, gâteaux et sandwiches maison (pas question d'aller se bousiller l'estomac dans des restauroutes à fiabilité limitée), petits babillages avec les divers espaces, avec le lac, les oiseaux, la forêt. J'utilise un langage codé pour leur dire que je les aime très fort et que je reviendrai. On croirait une amoureuse en train de faire ses adieux sur un quai.
Les veilles et les matins de départ je suis un peu gaga. Toute séparation me coûte. Le reste du temps, ça va je gère. Ça va.

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