L'émission "Passe-moi les jumelles" avait consacré il y a quelques années un portrait à la peintre Ji-Young Demol Park. Je n'avais retenu ce soir-là ni son nom ni ses mots, mais les tracés de ses montagnes plongeant dans le Léman s'étaient imprégnés dans ma rétine. Impossible d'oublier sa manière tellement naturelle, fluide, de peindre la nature pour en rendre l'aspect tout à la fois grandiose et évanescent. Et voici que je tombe sur la couverture d'un livre, publié en 2020 par les éditions Glénat : Des rives et des crêtes. Alors, sans l'ouvrir, sans tourner les pages, j'ai su que je l'avais retrouvée.
J'en ai profité pour revoir le reportage. L'artiste coréenne se révèle semblable à ce qu'elle peint : évidente, droite, sûre d'elle sans rien forcer (le genre de personne pouvant se comporter de la même manière, quel que soit son interlocuteur, enfant, arbre ou journaliste). Parce qu'il n'y a rien à exagérer. Il n'y a qu'à être.
Ses peintures conjuguent à la perfection le figuratif et l'abstrait (frontières imperceptibles qui se traversent sans crier gare). Par-delà l'esquisse d'une montagne suspendue entre ciel et eau, il y a toute l'expression de l'équilibre, entre fragilité et force, entre permanence et impermanence. A la voir œuvrer dans la nature ou dans son atelier (quelque part entre Chamonix et Genève), on comprend que le "don" chez l'artiste n'occupe en fin de compte qu'une part ténue. Rien n'est vraiment donné : il s'agit de travailler, travailler et encore travailler. Ce qui est donné, en revanche, c'est la pulsion de s'adonner à l'exercice. S'obstiner, sans jamais lâcher.
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